C’est l’une de ces fresques qu’on regarde en silence, sans trop savoir quoi en dire. A l’entrée de Phocea DC, un data center dans le 3e arrondissement de Marseille, une peinture murale représente une déesse, Phocea donc, protectrice de la cité, et, puisqu’il faut bien vivre avec son époque, grande gardienne de la souveraineté numérique. Un genre de Wonder Woman avec un petit côté technicien qui vient vous installer la fibre – casque, bouclier et au niveau de la ceinture, des fils noirs qui partent dans toutes les directions.
«C’est pour les câbles sous-marins…» précise le directeur technique de ce data center, le petit dernier dans la ville – un centre de données «à taille humaine», «familial» même. Comprendre : il y a data center et data center. Et de fait, il y en a de plus en plus… En dix ans, Marseille est devenu un eldorado pour ces blocs en béton sans âme qui abritent de grandes armoires noires, dans lesquelles s’entassent des serveurs, destinés à stocker et faire circuler les données qui font nos vies à l’ère de technocapitalisme.
Ils fleurissent un peu partout. Neuf au total, selon le dernier pointage de Data Center Magazine («DC Mag» pour les intimes, la revue des fans hardcore de l’industrie), dont pas moins de quatre dans la zone portuaire, y compris dans une ancienne base de sous-marins. En attendant un cinquième en travaux sur le site d’un ancien silo à sucre et un mastodonte dans la commune de Bouc-Bel-Air. Et même, pendant un t