Par
Rédaction Rennes
Publié le
18 juin 2025 à 17h40
Après Kévin Boudou, samedi 1ᵉʳ mars 2025 et José Kinkembo, jeudi 10 avril 2025, un troisième détenu a été retrouvé mort à la prison de Rennes-Vezin dans de sordides conditions. Alexis, un jeune homme de 25 ans, a en effet été découvert inanimé ce samedi 14 juin en début d’après-midi par les agents pénitentiaires alors qu’il portait des « traces de coups ».
Son co-détenu, Lotfi, a été mis en examen ce lundi 16 juin 2025 pour « meurtre aggravé par des actes de torture ou de barbarie ».
De nombreuses blessures sur son corps
D’après les premiers éléments de l’enquête, ces « actes de torture et de barbarie » auraient été infligés ces deux dernières semaines au jeune homme qui souffrait de « problèmes psychiatriques ».
Des « blessures d’âges divers » ont en effet été découvertes sur son corps, selon une source proche de l’enquête, qui fait état notamment de « brûlures ».
Une autopsie devait être diligentée en ce début de semaine : le rapport du médecin légiste devrait permettre de déterminer avec précision l’origine de sa mort et de dater les lésions découvertes sur son corps.
Déjà condamné 22 fois
Selon nos informations, au moment des faits, la victime se trouvait seule en cellule avec son co-détenu Lotfi, un Nantais de 26 ans dont le casier judiciaire comporte 22 mentions pour des faits commis entre 2013 et 2025. Ce dernier avait été transféré à Rennes depuis la prison de Lorient (Morbihan), fin avril 2025.
Plus tôt dans la journée, Lotfi aurait en fait « demandé de l’aide » car il ne pouvait « plus supporter les odeurs en cellule » émanant d’Alexis.
Mais « rien n’avait été fait » par les agents pénitentiaires de cette prison dont le taux d’occupation s’élève actuellement à « 123 % ».
Des « problèmes d’incontinence fécale »
Le « meurtrier » présumé aurait d’ailleurs dû être libéré, au plus tard, d’ici la fin du mois de septembre 2025. La victime, elle, avait notamment comparu devant la cour d’appel de Rennes en février 2025 pour « violence sur un fonctionnaire de police sans incapacité totale de travail (ITT) » et « usage illicite de stupéfiants ».
Selon une source proche de l’enquête, Alexis avait en fait des « problèmes d’incontinence fécale » et son co-détenu ne supportait plus les désagréments que cette problématique pouvait générer dans leur cellule.
J’estime qu’il y a un dysfonctionnement majeur dans le traitement de ce qui n’était au départ qu’un incident.
Me Sobieslaw Bemmoussat
Avocat de Lofti
Des détenus retrouvés pendus
En mars et avril 2025, Kévin Boudou et José Kinkembo, deux détenus, ont été découverts pendus dans leurs cellules. La famille de l’un d’entre eux a d’ailleurs déposé plainte contre X pour « homicide involontaire » et « non-assistance à personne en danger ».
Il reconnaît partiellement les faits
Lors de sa présentation devant la juge d’instruction rennaise en charge du dossier, son client – déjà condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence – ne s’est « pas beaucoup épanché » sur les conditions dans lesquelles son co-détenu est mort.
En tout état de cause, ce jeune « sans diplôme ni domicile » reconnaît à ce stade avoir porté des coups d’une « extrême gravité », au point qu’il a lui-même évalué leur intensité à « 9 » sur « une échelle de 1 à 10 ».
Selon Me Sobieslaw Bemmoussat, son client réfute toutefois « l’intention » d’avoir voulu « tuer » Alexis ainsi que les accusations de « tortures ».
Il s’agit d’un jeune homme qui a été baladé de foyer en foyer, en famille d’accueil et en détention : il n’a connu quasiment que ça et est très isolé socialement.
Me Sobieslaw Bemmoussat
Avocat de Lofti
« Il a eu un pied-de-biche dans la bouche, et non pas une cuillère en argent », image d’ailleurs l’avocat de ce jeune originaire du quartier populaire des Dervallières à Nantes.
Transféré au Mans
Son client a donc été placé en détention provisoire dans cette affaire et a été transféré au Mans (Sarthe), où il a été placé à l’isolement.
Si la qualification criminelle de « meurtre précédé ou suivi d’un autre crime » devait être retenue, alors le mis en cause encourrait théoriquement la réclusion criminelle à perpétuité.
CB (PressPepper)
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