Faut-il tester toutes les femmes enceintes contre le cytomégalovirus (CMV) ? La Haute Autorité de santé (HAS) a tranché : elle préconise un dépistage systématique, une décision qui pourrait changer les pratiques prénatales en France et relancer le débat scientifique sur cette infection encore méconnue mais potentiellement dangereuse pour le fœtus.

Dans une recommandation rendue publique ce mardi, la HAS propose que « toutes les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif » soient systématiquement testées pour le CMV, un virus très répandu de la famille de l’herpès, également proche de celui de la varicelle ou du bouton de fièvre. Transmis par contact étroit avec des sécrétions corporelles, le CMV est souvent bénin, voire asymptomatique, mais il peut entraîner de graves séquelles chez le fœtus, notamment une surdité ou des troubles neurologiques.

Un tiers des femmes sont déjà testées

Jusqu’ici, le dépistage reposait essentiellement sur l’initiative des médecins ou des patientes. En pratique, près d’un tiers des femmes enceintes sont déjà testées. Mais cette prise en charge restait inégalitaire et non encadrée, malgré les appels récurrents de nombreux professionnels de santé, dont l’Académie de médecine, à en faire une politique systématique.

La HAS prend ainsi le contre-pied du Haut Conseil de la santé publique (HCSP), qui s’était opposé à un tel dépistage de masse, pointant notamment le manque de données sur les bénéfices du traitement principal, le valaciclovir, administré en cas d’infection pendant la grossesse. Selon le HCSP, l’efficacité de cette stratégie n’est pas suffisamment démontrée et les risques du traitement à grande échelle restent mal connus.

Une décision attendue par le corps médical

Mais pour la HAS, « le fardeau que représente l’infection par le CMV au cours de la grossesse » justifie un changement de cap. L’autorité souligne également que « l’existence d’un test de détection et d’un traitement pouvant limiter la transmission au fœtus », combinée à des disparités territoriales dans l’accès au dépistage, plaide en faveur d’une harmonisation des pratiques.

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Cette décision, attendue de longue date par une partie du corps médical, n’est cependant pas définitive. La HAS prévoit une réévaluation dans un délai de trois ans, le temps de recueillir des données sur l’efficacité réelle du dépistage et la sécurité du valaciclovir « sur le long terme, à plus large échelle et son effet sur les séquelles du fœtus et du nouveau-né ».