Par

Théo Zuili

Publié le

19 juin 2025 à 16h25

Dans la nuit du 11 au 12 juin 2025, la façade de la maison de santé La Présence, dans le 3ᵉ arrondissement de Lyon, a été recouverte de faux sang et de collages aux slogans forts.

« Votre idéologie impacte nos vies », « Votre corps, leur morale » : l’action a été revendiquée par plusieurs collectifs de défense des droits des femmes (Collages féministes Lyon, NousToutes Rhône et Lesbiennes contre le patriarcat) pour dénoncer les pratiques de cette structure fondée par une association catholique, connue pour ses liens avec le mouvement « pro-vie ». Cette dernière sort du silence.

Une atteinte aux acquis 

Une mobilisation qui fait suite à une enquête de Rue89 Lyon et Médiapart publiée en avril dernier, dévoilant les liens de l’établissement avec Le Réseau Vie, association catholique et « pro-vie ». Selon nos confrères, le personnel soignant de La Présence ne prescrit pas de contraception, sauf « exception ».

Les associations militantes alertent sur une menace grave pour la santé et une remise en cause des droits des femmes, mettant en avant un risque de grossesses non désirées. Les collectifs réclament « que la protection des droits et l’égalité dans l’accès aux soins priment sur toute conviction religieuse ou personnelle ».

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Ce mercredi 18 juin, l’équipe médicale de La Présence a réagi dans un communiqué transmis à actu Lyon. « Cette campagne est profondément injuste », écrivent les praticiens, qui affirment avoir porté plainte pour dégradation et menaces.

Vidéos : en ce moment sur Actu« Nous prescrivons bien la contraception »

Interrogé à ce sujet, le personnel de santé indique que la contraception est bien prescrite « par certains médecins » et tentent de rassurer sur ceux qui la refusent bien : ces derniers « informent et orientent les patientes vers des professionnels de santé à même d’effectuer ce type de suivi, en toute transparence ».

Des méthodes d’observation du cycle validées scientifiquement, reconnues par
l’OMS, peuvent être proposées comme alternatives, lorsque cela correspond aux
attentes ou aux souhaits exprimés par les patientes.

L’équipe médicale de La Présence

Le personnel assure respecter « la clause de conscience prévue par la loi », sans jamais suspendre « l’accès à l’information ou à l’orientation ».

« Aucun professionnel en exercice ne s’oppose aux droits des femmes. Nos pratiques sont conformes au code de la santé publique. » Le communiqué insiste : l’ensemble de leur activité est « connu des instances compétentes, notamment le Conseil de l’Ordre des médecins du Rhône ».

Un dialogue possible ?

« À Lyon, l’accès à la pilule et à l’IVG est de plus en plus menacé », alertait en mai dernier la députée LFI du Rhône Anaïs Belouassa-Chérifi, évoquant entre autres causes (manifestations « pro-vie » et bars anti-IVG) cette même structure à l’Assemblée. Contactée par actu Lyon, elle n’a pas souhaité prendre la parole auprès de notre rédaction.

Face à la polémique, La Présence se défend de tout prosélytisme ou d’atteinte aux droits. « Chaque patient est reçu avec respect quels que soient ses choix », insiste l’équipe, qui dénonce quant à elle « une stigmatisation » difficile.

« La violence verbale ou physique à l’encontre d’un établissement de soin ne sert aucune cause », écrit-elle. Et de conclure : « Nous restons ouverts au dialogue, dans le cadre républicain, médical et légal. »

Une controverse peut-être amenée à durer

L’affaire de La Présence pourrait bien connaître de nouveaux rebondissements : les collectifs promettent de nouvelles « actions militantes », et la structure se réserve « le droit d’engager des poursuites pour diffamation ».

En attendant, le débat a l’avantage de mettre devant les projecteurs la question de l’égalité d’accès aux droits fondamentaux.

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