À Londres, une maison victorienne transformée en espace contemporain

En 2019, Tanya Grigoroglou et Rupert Worrall, directeurs créatifs de la galerie d’art Raw Editions, ont acquis une propriété dans le quartier de Clapham, au sud de Londres. Il s’agissait d’une maison mitoyenne victorienne typique, dotée d’une façade en briques, qui ne s’étendait pas en largeur mais en hauteur, sur 140 mètres carrés. Le problème ? L’intérieur était frais et sombre, la lumière naturelle peinant à y pénétrer. Le couple souhaitait en faire un lieu qui allie vie familiale et activité professionnelle. La maison devait permettre une vie de famille avec enfants tout en accueillant les œuvres d’art postmoderne et contemporain au cœur de l’identité de Raw Editions. C’est là qu’interviennent les architectes O’Sullivan Skoufoglou. Sensibles aux relations spatiales flexibles, aux matériaux, aux couleurs et au design mobilier, ce duo londonien, fondé en 2016, a conçu une maison hybride et multifonctionnelle, où vie quotidienne et travail coexistent en équilibre.

Tanya Grigoroglou et Rupert Worrall dirigent la galerie d’art londonienne Raw Editions.

Jasper Fry

Le luminaire est signé Established and Sons. Le sol en chêne a été posé par Chaunceys.

Ståle EriksenUne maison qui fusionne galerie et habitation

Dynamique, créative, flexible, multifonctionnelle : tels étaient les maîtres-mots du projet. L’objectif était de fusionner galerie et habitation, vie de famille et passion pour l’art. Un défi, car le bâtiment ne pouvait être agrandi sans entraîner des travaux coûteux en raison du dénivelé du jardin. O’Sullivan Skoufoglou a rapidement compris qu’il fallait repenser le plan afin d’améliorer la cohérence, la lumière et la fonctionnalité. Le repositionnement des fenêtres s’est également imposé.

« L’adaptation des deux étages inférieurs et le déplacement de la cuisine au sous-sol ont sans doute constitué la modification la plus importante », explique Amalia Skoufoglou. La nouvelle entrée s’étend désormais jusqu’à la galerie, dotée de baies vitrées offrant une vue sur le jardin. Des portes coulissantes garantissent l’intimité nécessaire tout en permettant une ouverture fluide.

L’élément central, conçu comme un écrin pour l’art, est une bande murale en terrazzo rouge baptisée « Granby Rock », qui intègre une cheminée et se compose à 70 % d’agrégats recyclés. À proximité, un bureau, lui aussi doté de portes coulissantes, prolonge l’espace. L’escalier, redessiné, isole les niveaux supérieur et inférieur de la galerie située au rez-de-chaussée : il assure une séparation fonctionnelle tout en ménageant une transition fluide. Les teintes douces de rose et de jaune de Little Greene sur les murs, ainsi que les touches d’olive et de rouille du mobilier, renforcent cette impression. Une séparation subtile s’opère, sans jamais compromettre l’ouverture.