La start-up bordelaise HyPrSpace ambitionne de révolutionner le secteur des lanceurs légers avec une technologie de propulsion hybride.
« On peut être sérieux sans être sinistre. » Le ton est donné par Sylvain Bataillard, co-fondateur de la start-up bordelaise HyPrSpace, qui a donné un nom « so french » à son lanceur, baptisé ‘Baguette One’. Il sera bientôt prêt pour son premier vol suborbital, prévu en 2026. Ce qu’il a en plus que les autres? C’est son mode de propulsion: hybride. Moitié solide, moitié liquide: la propulsion est liquide, le carburant est solide.
« L’oxygène liquide est stocké dans le réservoir et injecté dans la chambre de combustion, qui contient le carburant, qui est lui à l’état solide », explique Sylvain Bataillard.
« Nous développons une technologie de propulsion innovante, plus simple et donc moins chère. »
Un projet qui a germé au cours d’une thèse de doctorat sur la propulsion hybride d’un des co-fondateurs. Créée en 2019 et soutenue par le CNES et l’Agence spatiale européenne, la start-up a bénéficié d’un soutien de 35 millions d’euros de France 2030, a levé 10 millions d’euros de fonds privés et déjà réalisé trois campagnes d’essais « statiques ». Celles-ci ont été réalisées avec l’aide de la Direction générale de l’armement – Essais de missiles, sur un site proche de Bordeaux.
Prochain objectif: le lancement d’une fusée de démonstration suborbitale, ‘Baguette One’ prévue en 2026, pour valider la technologie. Cap sur l’orbital dès 2027, avec le lanceur ‘Orbital Baguette One’ (OB-1, à prononcer « Obi-Wan » comme le personnage de Star Wars), pour y placer jusqu’à 250 kg de charge utile – des satellites.
Une technologie duale
A terme, HyPrSpace vise 12 à 15 lancements par an, pour les marchés civils et militaires. Car Baguette One est « à la croisée des chemins de ce qui est important à l’heure actuelle: le spatial et le militaire », indique Sylvain Bataillard.
« Avoir des vecteurs pas chers et pouvoir produire vite, c’est important », poursuit-il, évoquant la création d’une usine de production pour répondre à la demande qui ne manquera pas d’arriver.
Car si l’objectif de Baguette One est de placer en orbite des constellations de satellites, le lanceur pourrait également intéresser les armées, en particulier l’armée de l’air et de l’espace, pour développer les capacités balistiques de la France. « Nous explorons tous les cas d’usage possible dans le domaine de la défense », confirme le co-gérant.
L’ambition d’HyPrSpace, c’est bien d’être une entreprise duale, une condition primordiale pour être compétitif sur le marché. La start-up compte à la fois diminuer le coût de mise en orbite, mais aussi simplifier la partie industrielle – diminuant, de fait, les coûts de production.
Un objectif qui remplit les conditions de l’économie de guerre chère à Emmanuel Macron, qui avait lancé en 2022, après le début de la guerre en Ukraine, un appel aux industriels de la défense pour produire plus, plus vite et moins cher.
Le nom Baguette One peut prêter à sourire, mais le projet suscite l’intérêt, en témoigne l’affluence sur le stand de la start-up tout au long du salon du Bourget, mais aussi la visite du ministre des Armées Sébastien Lecornu.