par Francois Murphy, John Irish et Parisa Hafezi

Les ministres européens des
Affaires étrangères doivent rencontrer leur homologue iranien
vendredi afin de tenter de reprendre le chemin de la diplomatie
sur le programme nucléaire de l’Iran.

Les ministres du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne
– pays qui forment le « groupe E3 » qui fut au nombre des
négociateurs de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien –
ainsi que la cheffe de la politique étrangère de l’Union
européenne, Kaja Kallas, se sont entretenus avec Abbas Araqchi
en début de semaine et ils se sont coordonnés avec le secrétaire
d’Etat américain Marco Rubio.

Lors d’un rare appel, ils ont insisté auprès du ministre
iranien sur la nécessité de revenir à la table des négociations
et d’éviter une nouvelle escalade. A la suggestion de l’Iran,
les parties ont accepté d’organiser une rencontre.

Les pourparlers se tiendront à Genève, où un premier accord
visant à limiter le programme nucléaire de l’Iran en échange
d’une levée des sanctions avait été conclu en 2013, avant qu’un
accord global ne soit conclu en 2015.

Ces discussions interviennent après l’échec des
négociations entre l’Iran et les Etats-Unis, interrompue par
l’opération lancée la semaine dernière par Israël contre les
installations nucléaires et les capacités balistiques de l’Iran.

« Les Iraniens ne peuvent pas s’asseoir avec les Américains,
mais nous le pouvons », a déclaré un diplomate européen. « Nous
leur dirons de revenir à la table des négociations pour discuter
de la question du nucléaire avant le pire des scénarios, tout en
exprimant nos inquiétudes quant à leurs missiles balistiques,
leur soutien à la Russie et la détention de nos ressortissants. »

Les pays européens, qui n’ont pas participé aux négociations
nucléaires entre l’Iran et les Etats-Unis, sont de plus en plus
frustrés par la stratégie de négociation des Etats-Unis.

Deux diplomates ont déclaré que les espoirs de percée à
Genève, où Kaja Kallas sera également présente, étaient faibles.

Ils ont toutefois estimé qu’il était essentiel de discuter
avec l’Iran car, une fois la guerre terminée, la question du
programme nucléaire iranien ne serait toujours pas résolue.

Il serait en effet impossible de faire disparaître le
savoir-faire acquis par l’Iran et que Téhéran serait donc
potentiellement en mesure de reconstruire clandestinement son
programme, ont-ils expliqué.

Un responsable iranien a déclaré que Téhéran avait toujours
accueilli favorablement la diplomatie, mais a exhorté les pays
de l’E3 à utiliser tous les moyens disponibles pour faire
pression sur Israël afin qu’il mette fin à ses attaques contre
l’Iran.

« L’Iran reste attaché à la diplomatie en tant que seul moyen
de résoudre les différends, mais la diplomatie est attaquée », a
déclaré le responsable.

(Rédigé par John Irish; version française Camille Raynaud)