Une exposition inédite au musée des Beaux-Arts de Béziers révèle l’amour profond de Gustave Fayet, artiste, collectionneur et mécène biterrois, pour l’art et la spiritualité japonaise. À découvrir jusqu’au 31 octobre.
Dans le silence feutré de l’Hôtel Fayet, au cœur de Béziers, un vent d’Extrême-Orient souffle sur les cimaises. Le musée des Beaux-Arts dévoile une exposition étonnante et délicate : Gustave Fayet et le Japon, à découvrir jusqu’au 31 octobre. Un voyage dans le temps, l’imaginaire, mais aussi l’intimité d’un Biterrois pas comme les autres.
Peintre, mécène, conservateur du musée de Béziers, entrepreneur, Gustave Fayet est une figure centrale de la vie artistique régionale au tournant du XXe siècle. Ce que l’on sait moins, c’est que cet homme, ancré dans son terroir, nourrissait une curiosité profonde pour le Japon.
Une collection de 1 200 estampes
Tout commence à la fin du XIXe siècle. Tandis que la France s’entiche du Japon à travers la mode du « japonisme », Gustave Fayet se distingue par la profondeur de sa démarche. Dès 1897, il commence à acquérir des estampes. « Sa collection s’est élevée jusqu’à 1 200 exemplaires, précise Stéphanie Trouvé, directrice des musées, dont environ 500 sont encore conservées par sa famille ».
Gustave Fayet était un fervent collectionneur d’estampes japonaises.
Diane Petitmangin
Dans une scénographie subtile, conçue par Pablo Garcia, les visiteurs explorent cette collection comme on entrouvre les tiroirs d’un cabinet de curiosités. Chaque salle du 2e étage du musée s’accompagne d’un code couleur pour évoquer le « Fayet collectionneur », « L’appropriation intime » ou le « Fayet créateur ».
Un Japon qui se vit au quotidien
Car chez Fayet, le Japon ne reste pas cloisonné aux murs d’un musée ou d’une collection privée. Il s’insinue dans la vie quotidienne, jusque dans les étoffes que portent ses proches. « Sa femme, Madeleine, et ses filles posent ainsi en robes inspirées de kimonos, ornées de chrysanthèmes ».
Des katagami (pochoirs japonais pour tissus), que d’autres auraient relégués aux réserves et qui sont ici encadrés comme des estampes aux surimonos, des cartes de vœux japonaises au raffinement extrême… à travers ces objets, c’est un Japon personnel, presque domestique, qui s’exprime — sensible, silencieux, méditatif.
Un attrait prononcé pour la spiritualité
Fayet collectionne les Bouddhas, parfois plus nombreux que les symboles chrétiens dans ses intérieurs – un des exemplaires présentés viendrait directement d’un temple japonais.
Dans sa production, trois lignes se dessinent : une ligne décorative, dans des céramiques, où les techniques japonaises comme le raku nourrissent une recherche formelle exigeante. Une ligne classique, avec des images sous influence dans lesquelles il pastiche sans imiter, synthétise sans trahir — des œuvres destinées aux grands décors de ses demeures.
Les « jardins de la fantaisie »
Une ligne onirique, plus proche d’Odilon Redon, où les formes deviennent flottantes, suggestives, tirant vers l’abstraction. Il les appelle ses « jardins de la fantaisie”. Ses dessins deviennent textiles, ses buvards se font tapis. L’art, pour Fayet, n’est pas cloisonné : il est un dialogue permanent entre les cultures, les matières et les imaginaires.
Une exposition évolutive, conçue pour tous les âges
Pensée pour tous les publics, l’exposition Gustave Fayet et le Japon multiplie les dispositifs de médiation : des tiroirs interactifs pour comprendre ce qu’est une collection ; une mosaïque-puzzle pour reproduire un motif floral ; des tables à différentes hauteurs pour dessiner, colorier ou reproduire la maison Fayet, des jeux de cubes pour apprendre en s’amusant…
Un livret-jeu gratuit « Le sens du détail » sera également distribué aux familles : les plus jeunes devront retrouver huit œuvres au sein du musée via la photo d’un détail. « Ça leur permettra d’explorer le musée et leur donnera des explications sur différentes techniques artistiques utilisées », indique Stéphanie Trouvé, la directrice des musées de Béziers. Le petit plus : les huit photos sont autant de cartes postales qu’ils pourront ensuite envoyer…
L’exposition pourra se visiter une nouvelle fois en septembre car une partie des œuvres exposées sera renouvelée : « C’est à la fois pour protéger les estampes les plus fragiles et pour mettre en valeur d’autres trésors de Gustave Fayet ».
« Gustave Fayet et le Japon », jusqu’au 31 octobre au musée Fayet, 9 rue du Capus. Ouvert du mardi au samedi, de 11 h à 18 h. Tarifs : 3,50 € et 2,50 € réduit. Visites guidées : les 28 juin, 10 et 24 juillet, 7 et 21 août (sur réservation). 04 67 36 82 92.