Avec « six visites en six mois » à Marseille, autant dire que la ministre de la Ville, Juliette Méadel, tient à afficher son suivi des dossiers locaux. Au pied de la résidence des Carmelins, dans le quartier des Grands-Carmes (2e arrondissement), elle constate « des avancées concrètes ». « On a déjà de bons résultats : en 6 mois, on a de réelles améliorations dans les logements sociaux. Cela va mieux, on a moins de problèmes de saleté, des locaux pour les jeunes qui sont réhabilités », campe-t-elle lors de cette déambulation. Accompagnée par les représentants de plusieurs bailleurs sociaux locaux bien connus, Erilia, CDC Habitat, Unicil et HMP, elle n’est pas là que pour distribuer les bons points : « Je viens dire aux bailleurs qui n’ont pas bien travaillé qu’il y aura des sanctions financières au 15 juillet ».
La carotte et le bâton donc. Les bailleurs ont jusqu’à cette date pour rendre « leur plan d’action sur la base de constats qu’on a pu faire dans certains quartiers ». Parmi eux, CDC Habitat, Erillia et 13 Habitat sont dans le viseur de Juliette Méadel. « Attention, ils ne sont pas en faute partout. Ici [aux Grands-Carmes, Ndlr.], ce qu’on a vu de la CDC, c’est très bien. On les sanctionnera là où ça ne va pas », précise la ministre. Si elle loue le travail commun des bailleurs, elle reste critique : « Ils sont en difficulté dans quelques quartiers, chacun dans 4 ou 5. On a mis en place une procédure contradictoire : on leur laisse le temps de se justifier, qu’ils expliquent leur responsabilité ou pas. À partir du 15 juillet, ils seront sanctionnés : ils perdront l’aide de l’état pour prendre en charge l’abattement TFPB (taxe foncière sur les propriétés bâties), c’est 12 millions ». Un dispositif qui s’applique notamment dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
« C’est grâce aux habitants »
Reste que sur le terrain, l’heure n’est pas à l’affichage des mauvais élèves. Dans ce quartier jugé difficile par la ministre, elle demande quelle est « l’évolution des frais d’entretien » au regard de « l’installation prégnante du deal ». Rémi Attuyt, coordinateur territorial d’Unicil à la politique de la ville, explique que l’enveloppe « a doublé ». « C’est 500 000 euros en 2024 », complète Sébastien Garcia, responsable du pôle sécurité et tranquillité résidentielle. Ce dernier vante la création d’une équipe interne à Unicil axée sur le vivre ensemble : l’équipe mobile de tranquillité résidentielle. « On essaie d’apporter une réponse à nos colocataires dans la médiation, dans la prévention. C’est le terrain qui prévaut, on trouve des solutions pragmatiques », développe-t-il. Plus globalement, la préfète déléguée à l’égalité des chances, Isabelle Paillard, souligne « la mobilisation et l’unité des différents acteurs pour accompagner les bailleurs ». Cela fait le lien avec son approche transversale de la politique de la ville. « Je veux qu’on concentre nos moyens financiers, politiques et humains sur les enfants. Quand vous avez 9 ans, que votre mère travaille la nuit, qu’il n’y a pas beaucoup d’occupations dans le quartier, vous êtes la cible des trafiquants », expliquait-elle plus tôt aux Assises métropolitaines de la politique de la Ville (lire ci-dessous). D’où l’inauguration de la crèche de l’Œuf à la Busserine, au cœur d’une mobilisation de longue date des habitants et du groupe de veille du quartier. « Elle a accéléré le dossier en donnant un coup de semonce au bailleur, mais c’est bien grâce aux actions des habitants et du groupe de veille qu’elle a rouvert », précise Anne-Marie Tagawa, membre du groupe de veille de la Busserine.