À Paris, la grogne monte derrière les rayonnages. Les bibliothécaires parisiens sont en grève ce vendredi 20 juin, et prévoient une autre journée d’action le 1er juillet, pour dénoncer le projet de plan « Lire à Paris 2025-2029 » de la mairie.

Cette mobilisation fait suite à des inquiétudes concernant la teneur de ce plan, publié le 11 juin, qui définit « les orientations pour les bibliothèques parisiennes jusqu’à 2029 » et prévoit une série de mesures visant à repenser le fonctionnement de toutes les bibliothèques de la ville. Le plan met en avant la nécessité d’harmoniser le réseau de la capitale, qui se compose de 57 bibliothèques de prêt et de 15 bibliothèques patrimoniales et spécialisées.

Un refus de mutualisation des effectifs

Les syndicats, eux, y voient des logiques d’optimisation budgétaires alors qu’ils alertent déjà depuis des mois sur une précarisation croissante de leurs emplois et missions. « Derrière le principe de « bon sens » d’harmonisation, ce plan relève d’une volonté de standardisation, de réduction des coûts, et de remise en cause la part d’autonomie des équipes », estiment-ils dans un communiqué. Ils craignent que cette harmonisation ne se traduise en réalité par une uniformisation des services et une dégradation de la qualité de l’accueil.

Les bibliothécaires de la Ville de Paris dénoncent notamment « l’extension des heures d’ouverture et du travail du dimanche » ou encore la « réorientation des moyens vers la jeunesse au détriment des budgets adultes » et « la fin probable des collections en musique et cinéma ».

Selon le communiqué, ce plan « ignore les propositions des professionnels exprimées dans les réunions de travail qui ont pu exister ». Parmi les revendications des grévistes, on retrouve le refus de « la standardisation des horaires d’ouverture du réseau et toute augmentation de l’amplitude horaire à effectifs constants » et demande « que chaque établissement puisse continuer à adapter ses heures d’ouverture aux réalités de son territoire, de ses publics, de son équipe et de son équipement ».

Alors que le plan suggère « d’adosser les plus petites [bibliothèques] à une grande bibliothèque à proximité » dans une logique de mutualisation des effectifs, les syndicats s’opposent à leur « la fusion administrative ». « Nous refusons le redéploiement de collègues entre établissements, la flexibilisation des bibliothécaires du dimanche. Ce serait banaliser l’idée d’un accueil en « mode dégradé » le dimanche ».

« Un vrai plan de rénovation »

Pour « garantir la continuité du service public », ils demandent à l’inverse que les équipes des médiathèques du dimanche soient renforcées par la création de postes de titulaires et souhaitent qu’au-delà de 7 dimanches travaillés par an, un « droit opposable » soit garanti et qu’une prime du dimanche à 200 euros nets soit attribuée.

De meilleures conditions de travail passent également selon eux par « un vrai plan de rénovation des bâtiments ». Alors que la ville de Paris songe surtout à la transition écologique et mise sur des dispositifs limitant l’impact des fortes chaleurs (circulation de l’air, contre le rayonnement direct du soleil, ouverture des fenêtres la nuit), les syndicats considèrent cette réponse largement insuffisante.

« D’autant que la recherche des plus bas coûts dans les marchés de construction ou de maintenance entraîne des problèmes bâtimentaires réguliers (ventilation en particulier) », insistent-ils. Le Conseil de Paris devrait commencer à évaluer le Plap2 le 1er juillet.