Une nouvelle étude de l’observatoire de la qualité de l’air Airparif, réalisée en collaboration avec la Ville de Paris et Breathe Cities, met en lumière un enjeu de santé publique pas si surprenant, mais désormais officiel et donc améliorable : le trafic routier est le principal responsable de la pollution aux particules ultrafines dans la capitale.

Des niveaux deux à trois fois plus élevés ont été mesurés à proximité des axes routiers (jusqu’à 18 800 particules/cm3 sur le périphérique Est en été) par rapport aux zones plus éloignées de la circulation (entre 6 400 et 7 900 particules/cm3 en été).

Aucune norme contraignante

Ces particules, dont la taille est inférieure à celle d’un virus, sont préoccupantes car elles peuvent pénétrer profondément dans l’organisme, atteignant les organes vitaux via la circulation sanguine. « Leur surveillance et le développement des connaissances sur leurs sources et leur danger pour la santé sont essentiels pour permettre la mise en place, à terme, de seuils réglementaires pour ce polluant », souligne Airparif dans un communiqué publié ce vendredi.

L’étude révèle également des niveaux de particules ultrafines plus élevés en hiver qu’en été, en raison notamment du chauffage au bois et de conditions météorologiques moins favorables à la dispersion des polluants.

Si la qualité de l’air à Paris s’est globalement améliorée ces dernières années – la pollution aurait baissé de moitié en 20 ans – la question des particules ultrafines reste un point noir puisqu’elles échappent encore à toute norme contraignante.

La directive européenne de 2024 impose leur surveillance, mais sans fixer de seuil à ne pas dépasser. Un vide juridique que dénoncent les acteurs de la santé environnementale. « Il est urgent d’agir pour protéger la santé des habitants », alerte la Ville de Paris.

« Cette étude renforce notre détermination »

Face à ce constat, la Ville de Paris affirme intégrer la problématique des particules ultrafines dans ses politiques publiques, notamment à travers les nouveaux Plan Climat et Plan Parisien Santé Environnement. « Cette étude renforce notre détermination à réduire la place de la voiture dans Paris. Chaque rue rendue piétonne, chaque piste cyclable créée, chaque trottoir élargi contribue à rendre Paris plus respirable », insiste Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique.

Airparif prévoit une campagne de mesure des particules ultrafines en région francilienne cet été 2025, ainsi que l’ouverture d’un troisième site de mesure permanent en petite couronne. « Cette étude contribue au programme d’étude régional (…) visant à documenter ce polluant à proximité de ses sources, dans différents environnements, et à favoriser les échanges techniques avec d’autres métropoles européennes », précise Karine Léger, directrice générale d’Airparif.

L’objectif ultime est de mieux évaluer l’exposition de la population aux particules ultrafines, afin de mener des études épidémiologiques et de fixer des seuils réglementaires, comme le recommandent l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Un enjeu de santé publique majeur pour la capitale.