Si on connaît Alex Garland pour ses apports à la science-fiction ou au fantastique, à l’image de son travail comme scénariste sur 28 jours plus tard ou 28 ans plus tard, ou à la réalisation d’Ex Machina, on sait que le bonhomme a une approche du réalisme qui en fait un auteur renommé. Il n’y a qu’à voir son récent Civil War pour comprendre qu’il sait comment se placer au cœur du terrain et nous raconter des histoires vraies ou presque.

Du coup, il n’est pas étonnant de le voir s’attaquer de front au film de guerre, lui qui avait juste esquissé le genre dans son précédent film. Pour Warfare, il a travaillé au scénario et derrière la caméra en collaboration avec Ray Mendoza, véritable acteur des événements. Une approche presque documentariste qui peut désarçonner, mais qui marque aussi sa singularité. Deux manières de voir qui sont autant de bonnes raisons d’y jeter un œil.

L’histoire (vraie) de Warfare

En novembre 2006, en Irak, une unité de Navy Seal américains prend position dans la ville de Ramadi, afin de soutenir une opération des Marines. Occupants une maison habitée, ils suspectent rapidement qu’un groupe de djihadistes se préparent à attaquer le bâtiment. Si les choses tournent mal, ils savent qu’ils auront du mal à tous s’en sortir vivants…

Un film à voir qui ne plaira pas à tout le monde

Nous le disions précédemment, Warfare est le fruit de la collaboration entre Garland et Mendoza. L’expérience de réalisateur et scénariste de l’un permet de mettre en images les souvenirs de l’autre, pour un résultat qui ne ressemble pas totalement à un bébé du cinéaste, ni complètement un documentaire. Un hybride décontenançant de prime abord puisque ce n’est pas la mise en contexte ou la construction des personnages qui l’étouffe.

Warfare 2© Prime Video

Au contraire, après un rapide plan d’ambiance, on est plongés au cœur du sujet, au sein de cette maison qu’il va falloir occuper et dans laquelle il va falloir ensuite s’exfiltrer. Un film quasiment en huis clos, entre les deux étages de la bâtisse. Dans l’idée, le projet peut laisser penser à une redite de La Chute du Faucon Noir, mais dans l’idée seulement.

Car ici, rien de ce qu’on voit ne sortira d’ailleurs que de la tête des soldats qui ont vécu les événements. Nous sommes complètement immergés dans la situation avec ces hommes, face à une menace presque invisible. De ce sentiment d’oppression née la tension et cette grande inconnue de savoir comment tout cela va finir. Un sentiment renforcé par une action filmée en temps réel et où chaque minute peut sauver des vies ou causer des morts.

Il est également intéressant d’observer la manière qu’ont Garland et Mendoza d’utiliser les outils militaires à leur disposition pour nous donner à voir l’extérieur du refuge de fortune. De montrer sans montrer grâce à des plans sortis des caméras des drones ou les multiples éléments qui nous parviennent des fréquences de communication. Les informations sont là et ne font qu’accentuer le vent de panique qui souffle sur l’échine des militaires isolés. On entend la panique et on en voit les répercutions sur le visage des concernés.

Warfare 3© Prime Video

Un souci de réalisme qui habite tout le film et nous donne des séquences que nous n’avons pas l’habitude de voir sur d’autres films du genre. Non, chaque coup de feu ne fait pas mouche, oui, il faut penser à récupérer chaque pièce de matériel ou armement laissée sur place ou au sol, et les instructions pleuvent avant chaque action. Même le sang coule avec ce goût du réel et laisse des blessures très loin d’être belles à voir et on souffre en même temps qu’eux. Warfare arrive à être spectaculaire en étant anti-spectaculaire. Et c’est là qu’on retrouve une certaine filiation entre ce long-métrage et le Civil War de Garland.

Pourtant, il est facile de penser que le film va en laisser plus d’un sur le carreau tant il déjoue les attentes. L’approche documentariste empêche le sensationnalisme et les minutes peuvent s’écouler longtemps avant qu’un événement vienne secouer le cocotier. De la même manière qu’il y a eu des déçus devant le manque de “War” dans Civil War, le manque de “War” dans Warfare, même si la guerre est pourtant bien là, pourrait écarter les fans d’action.

Warfare 1 © Prime Video

Warfare est un film désarçonnant qui respecte les codes du genre tout en évitant tous les aspects fictionnels d’un récit. Il est autant fascinant que ronflant. C’est une expérience singulière qui peut passer pour une œuvre cinématographique majeure tout comme une belle publicité pour l’armée américaine et ses bonhommes solidaires. Parce que oui, aucun autre point de vue, aucun propos sur l’intérêt de la présence ricaine, rien de politique ici ; juste des uniformes qui se soutiennent jusqu’au bout des bottes. Un film de son époque qui ne laisse pas indifférent. Et c’est déjà une belle raison pour lui laisser sa chance.

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