La fine fleur des scientifiques vient d’annoncer des résultats prometteurs au plus grand congrès mondial d’oncologie*. Et les chercheurs français y figurent en bonne place. Focus sur les découvertes les plus marquantes.

Côlon :  l’activité physique fait fort

Une vaste étude avait déjà montré que l’exercice physique régulier, même modéré, diminuait de 19 % à 24 % le risque d’apparition de ce cancer. Dirigé par un chercheur au Canada, Challenge, un essai clinique international de phase III, montre l’utilité d’un programme de trois ans adapté, personnalisé et encadré par un professionnel pour diminuer le risque de récidive d’un cancer de stade 2 avancé ou 3. Par rapport à de simples recommandations faites aux patients, cette approche améliore la forme générale et augmente la durée de vie en bonne santé. Sans oublier le plaisir : chacun choisit l’activité qu’il préfère.

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Poumon : l’immunothérapie améliore la survie

Pour la forme la plus courante de ce cancer, dite « non à petites cellules », la chirurgie s’avère efficace en l’absence de métastases, mais avec un risque élevé de rechute. Les résultats finaux de l’essai clinique international de phase III CheckMate 816, coordonné par le Pr Nicolas Girard, de l’Institut Curie, confirment la performance de l’immunothérapie, qui permet au système immunitaire de reconnaître et d’attaquer les cellules cancéreuses. Associée à une chimiothérapie avant l’intervention chirurgicale, elle réduit de près de 40 % les récidives. Au bout de cinq ans, 65 % des patients traités par cette association sont en vie (55 % pour la chimio seule). Le Pr Girard rappelle aussi l’importance de la prise en charge précoce ainsi que l’existence d’un programme de dépistage français pour les fumeurs, l’étude Opti-Depist-Mut.

Sein : des prises de sang salvatrices

Pour les femmes atteintes d’un cancer hormono-dépendant métastatique, la détection précoce d’une mutation résistante au traitement permet d’ajouter une nouvelle molécule efficace, le camizestrant : au bout d’un an, le taux de survie sans progression est de plus de 60 % (contre 33 % dans le groupe contrôle). C’est ce que montre l’essai clinique international de phase III Serena-6. L’Institut Curie y a joué un rôle majeur, tant pour le nombre de patientes incluses que pour son excellence dans la détection des marqueurs tumoraux dans le sang. Une technique non invasive, contrairement aux biopsies tissulaires.

Pancréas : la clé des champs électriques

Il s’agit d’un mal sournois car longtemps sans symptôme et dont l’incidence augmente depuis les années 1990, au point qu’il est devenu la sixième cause de mort par cancer dans le monde. Pour ceux atteints d’une forme localement avancée mais sans métastases, l’étude internationale Panova-3 a montré l’intérêt des TTFields, ou champs électriques de traitement des tumeurs. Il s’agit d’ondes électriques de faible intensité conçues pour enrayer la multiplication des cellules cancéreuses. Le tout grâce au dispositif de Novocure, non invasif et non toxique : un patch placé sur la peau et relié à un petit générateur. Ce traitement permet une espérance de vie plus longue qu’avec la seule chimio. Il est aussi étudié pour d’autres cancers, dont les glioblastomes, des tumeurs cérébrales agressives.

ORL : un traitement contre la rechute

Les carcinomes épidermoïdes représentent quelque 90 % des cancers de la tête et du cou. Favorisés par le tabac, l’alcool et le papillomavirus humain, ils s’attaquent aux muqueuses de la bouche, du pharynx ou du larynx. Même opérés, certains présentent un haut risque de récidive, mais, pour la première fois depuis vingt ans, une nouvelle arme thérapeutique permet de diminuer celle-ci significativement : le nivolumab (immunothérapie). Leader européen et numéro 4 mondial de la recherche en oncologie, l’institut Gustave-Roussy, à Villejuif, a eu un rôle clé dans cet essai clinique international de phase III, Nivopostop.

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* Congrès annuel de la Société américaine d’oncologie clinique, à Chicago.