Le virus Oropouche est un Orthobunyavirus transmis principalement par des moucherons du genre Culicoides, en particulier C. paraensis. Il est responsable d’arboviroses dont les symptômes ressemblent à ceux de la dengue : fièvre, céphalées, douleurs musculaires, rash cutané, et parfois des complications neurologiques.

Le fardeau sanitaire lié à l’OROV est le second plus élevé après la dengue en Amérique du Sud, avec entre 2 et 5 millions de personnes exposées, bien que le virus reste peu connu du grand public.

Une dynamique épidémique inédite

En 2023-2024, OROV a connu une expansion géographique sans précédent, atteignant pour la première fois la Caraïbe (notamment Cuba), et provoquant des cas graves (décès, malformations congénitales, syndromes de Guillain-Barré). Ce regain d’activité est lié à l’émergence d’un sous-lignage réassorti du virus, plus virulent et plus transmissible.

Des cas importés ont été détectés en France hexagonale et aux États-Unis, principalement chez des voyageurs revenant de Cuba. Cette diffusion rapide met en lumière le rôle du changement climatique, de la déforestation, et de la mobilité humaine dans la propagation du virus.

Guyane, Martinique, Guadeloupe : un risque élevé

L’analyse de risque conduite en août puis en décembre 2024 conclut à un risque élevé :

  • Guyane : risque d’épidémie élevé avec forte incertitude.

  • Martinique : risque d’épidémie élevé avec incertitude faible.

  • Guadeloupe : risque d’épidémie modéré à élevé selon les zones, avec incertitude forte.

  • Saint-Martin et Saint-Barthélemy : données insuffisantes pour évaluer le risque.

Les conditions écologiques, la présence de vecteurs compétents et les flux touristiques avec des zones épidémiques (notamment Cuba) renforcent ce danger.

Mesures de prévention et recommandations

Face à cette menace, Santé publique France propose une série d’actions à court et moyen terme :

  • Déploiement du diagnostic RT-PCR dans les laboratoires locaux.

  • Mise en place d’une surveillance intégrée (humaine, entomologique, animale).

  • Sensibilisation des soignants et de la population.

  • Renforcement des mesures de lutte anti-vectorielle.

  • Conseils spécifiques aux voyageurs et aux femmes enceintes.

  • Études entomologiques pour cartographier les vecteurs.

À moyen terme, l’agence appelle à actualiser le risque en continu, approfondir les recherches sur la biologie du virus, et intégrer l’OROV dans les programmes de recherche nationaux sur les arboviroses.