En mai 2025, un phénomène plutôt rare a attiré les regards dans la mer du Labrador, non loin des côtes canadiennes. Un pêcheur expérimenté, Hallur Antoniussen, a remarqué un iceberg d’une couleur étonnamment noire. La nouvelle a rapidement fait le tour des réseaux sociaux et a alimenté bien des discussions, aussi bien auprès du grand public que des scientifiques.

Un témoignage de pêche en bord de mer

Hallur Antoniussen, originaire des îles Féroé, se trouvait à bord du « Saputi », un chalutier-usine, quand il a aperçu cet iceberg exceptionnel. Fort de cinquante années d’expérience dans la pêche au large du Groenland et œuvrant dans les eaux du Labrador depuis 1989, Antoniussen n’est pas étranger aux phénomènes marins insolites. Pourtant, il affirme que celui-ci était vraiment hors du commun : « J’ai déjà vu des icebergs qui roulent sur les plages en se couvrant de pierres, mais celui-ci est complètement différent. En plus d’être noir, il a la forme d’un diamant. »

N’ayant pas d’appareil photo à portée de main, le pêcheur s’est précipité vers sa cabine pour attraper son téléphone portable et immortaliser ce moment unique. La photo de l’iceberg noir publiée sur Facebook a très vite enflammé les discussions, donnant lieu à une ribambelle d’hypothèses farfelues.

Des caractéristiques bien particulières

Cet iceberg se démarque par sa taille impressionnante, environ trois fois plus gros que ce à quoi on pourrait s’attendre dans la région. Sa couleur, d’un noir profond, est vraiment rare. Pour rappel, les icebergs blancs doivent leur apparence aux poches d’air qui reflètent la lumière du soleil, tandis que les bleus proviennent d’une désintégration progressive qui expulse l’air, laissant passer la lumière bleue.

Les spécialistes n’ont pas encore la recette exacte pour expliquer la couleur noire de ces icebergs. Parmi les pistes envisagées, certains évoquent un mélange de glace avec des particules de poussière et des cendres provenant d’une vieille éruption volcanique, tandis que d’autres pensent que le passage sur une surface terrestre aurait pu intégrer de la poussière et des cailloux dans la glace, causant un impact environnemental.

Des analyses et des suppositions

Lev Tarasov, physicien et modélisateur des systèmes glaciaires terrestres à l’université Memorial de Terre-Neuve, propose plusieurs pistes pour expliquer la teinte noire de cet iceberg particulier. L’une des explications suggère qu’il pourrait contenir une forte concentration de cendres volcaniques dues à une ancienne éruption survenue au Groenland entre 1000 et 100 000 ans. Une autre théorie avance qu’il s’agirait d’un vieux morceau de glacier mêlant terre et débris accumulés lors de son mouvement vers la mer.

Pour vraiment percer le secret de ce phénomène, les scientifiques insistent sur la nécessité d’analyser directement des échantillons prélevés sur ces icebergs noirs.

Un mystère qui fascine

Même si les icebergs noirs restent rares, ils ne sont pas inconnus des chercheurs. Leur formation demeure cependant enveloppée de mystère du fait du peu d’échantillons disponibles pour des études poussées. Leur allure singulière continue d’intriguer aussi bien les amateurs que les spécialistes de la glaciologie.