Par

Jessie Leclerc

Publié le

22 juin 2025 à 8h50

Quand on pense à « arc de triomphe », on imagine spontanément celui de Paris. Mais saviez-vous que Rouen (Seine-Maritime) a aussi connu les siens ? Eh oui, non pas un seul, mais plusieurs arcs de triomphe ! Certes éphémères et décoratifs, mais tout aussi impressionnants lors de grandes festivités qui ont marqué l’histoire de la ville. Lesquelles ? Pourquoi ? On vous dit tout.

Retour sur deux événements spectaculaires : le centenaire de Boieldieu, en 1875, et le millénaire de la Normandie, en 1911, grâce, notamment, aux informations rapportées par Guy Pessiot, historien local.

1875 : Rouen célèbre le compositeur Boieldieu

En 1875, la Ville aux Cent Clochers fête en grande pompe le centenaire de la naissance de François-Adrien Boieldieu, célèbre compositeur rouennais et auteur de l’opéra, encore bien connu aujourd’hui, La Dame Blanche.

Pour l’occasion, la ville est entièrement décorée et certaines de ses anciennes portes fortifiées, disparues depuis la fin du XVIIIe et du XIXe siècle, sont temporairement reconstituées en carton-pâte.

Et si ces portes sont alors remises sur pied pour cette grande occasion, c’est qu’elles ont compté pour les Rouennais de l’époque, dont Boieldieu.

Comme souligne l’artiste peintre et passionné d’histoire Mathieu Questel, « ça faisait partie de leur quotidien, de leur paysage. […] Aujourd’hui, il [ce patrimoine] a peut-être été effacé au nom de la circulation et de la modernité, mais je crois qu’il est important de se souvenir de ce que nous avons perdu, car ces monuments racontaient qui nous étions. Ils ne bloquaient pas la ville : ils lui donnaient une âme ».

  • Porte Jehan-Lecoeur : reconstituées près du pont suspendu sur le quai de Paris, elle avait été détruite en 1812.
  • Porte Saint-Hilaire : réalisée d’après un dessin du Livre des Fontaines, cette porte disparue depuis 1773 retrouva vie place sur la place Saint-Hilaire.
  • Porte Cauchoise : célèbre pont d’entrée de Rouen où Henri V fit son entrée en 1419, à la tête des troupes anglaises après avoir affamé la ville. C’est aussi par cette porte qu’étaient évacués les cadavres de la peste. Elle fut démolie entre 1764 et 1771.

Et en plus de ces portes, de beaux arcs de triomphe ont été construits, eux aussi de façon temporaire :

  • Arc de triomphe rue Jeanne-d’Arc : haut de 17 mètres, dessiné par l’architecte Louis Sauvageot. À cette époque, la rue s’arrêtait aux boulevards, d’où la rue Ernest Leroy partait en biais pour rejoindre la gare, rue verte.
  • Porte surmontée d’un château, place du Vieux-Marché : décor imaginé par le peintre décorateur de théâtre M. Foy, évoquant le château des comtes d’Avenel dans la « Dame Blanche » œuvre principale de Boieldieu.
  • Arc de triomphe rue aux Ours : érigé près de la maison natale du compositeur.
  • Arc de triomphe rue de la République : À cette époque, la fontaine Sainte-Marie n’existait pas encore — elle ne sera construite qu’en 1879.

1911 : le millénaire de la Normandie

Trente-six ans plus tard, Rouen célèbre un autre événement historique : le millénaire de la Normandie. En 911, le traité de Saint-Clair-sur-Epte avait vu Charles III Le Simple céder la future Normandie au chef Viking Rollon.


Porte reconstituée à l’occasion de la célébration du millénaire de la Normandie. (© Document transmis/Guy Pessiot)

Arc de triomphe surmonté d’un drakkar. (© Document transmis/Aurélie Daniel)

En 1911, les fêtes du millénaire durent huit jours, du 3 au 11 juin. Une sacrée fête donc.

Là encore, des monuments éphémères sont créés, notamment un arc de triomphe dans la rue Jeanne-d’Arc, avec un drakkar en son sommet, et une reconstitution d’une porte fortifiée érigée, dans le haut de cette même rue.

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