« Pour certains, je suis la maman de la danse, et pour d’autres, la mamie… ». Depuis quatre décennies, Marie-France Ceschel se consacre corps et âme à son école éponyme, située en plein centre de Menton.
Le temps a glissé – sans l’abîmer – sur le parquet de danse de cette institution chorégraphique, qui a tenu la barre haute dans l’univers artistique de la cité des citrons, où des centaines de petits talents ont pu éclore sur les pointes, et dont certains ont pris la relève et perpétuent désormais ce travail de formation et de passion à ses côtés.
Pour marquer cet anniversaire inédit, un spectacle-rétrospective sera proposé le week-end prochain au théâtre du Palais de l’Europe, avec pas moins de 220 danseurs sur scène!
Intitulé « L’anniversaire, le Top 40 1985-2025 », il fait la liaison entre quatre générations d’élèves du passé et du présent… qui montent (et remontent) sur scène pour cette occasion unique!
« Mon école est avant tout l’histoire d’une grande famille indéfectible, et je suis heureuse de compter parmi les danseurs présents, d’anciennes élèves qui avaient trois ans quand elles ont commencé chez moi et qui reviennent pour fêter les quarante ans avec leurs enfants, petits-enfants et… même leur mari! », se réjouit Marie-France Ceschel.
« C’est émouvant, elles n’ont jamais perdu le lien et de les voir retrouver la scène du théâtre en même temps que leurs enfants qui leur ressemblent tellement, j’en perds la notion du temps!… » s’émeut la danseuse.
Comme chaque année, toutes les disciplines de danse enseignées seront représentées: les chorégraphies de jazz sont signées Magali Saluzzo, qui est aussi la créatrice de cet événement (une ancienne élève devenue professeur), le classique est assuré par Maria Picarelli, le contemporain par Luna Cedro, le street par Clarisse Campo et Herman Vanel pour le breakdance.
L’envers du décor raconté en tableaux dansés
« C‘est un spectacle de plus de deux heures, jonché de souvenirs et d’anecdotes qui nous sont arrivés au fil de toutes ces années! » s’enthousiasme Marie-France.
« Nous avons choisi un mode humoristique pour raconter l’envers du décor de quarante ans de spectacles et présenter sur scène les coulisses, ce que le public ne voit jamais, mais qui représente quelque chose pour nous ». Il mêlera les créations présentées à chaque fin d’année scolaire – traditionnellement le dernier week-end de juin ou début juillet – et pour lesquelles les familles se déplacent toujours en grand nombre pour venir applaudir leur progéniture sur scène, mais aussi toutes les représentations données au profit d’associations caritatives de Menton (Amnesty International, Les Cœurs du Campanin, Mir, le Secours catholique, le Téléthon, le Sidaction, la Croix Rouge)…
Pour harmoniser le tout, Marie-France a fait appel à son plus fidèle admirateur et complice, qui n’est autre que son mari et artiste peintre Michel Isnard. Celui qui a réalisé inlassablement l’ensemble des décors de ses spectacles depuis… quarante ans, les a tous retravaillés et redessinés pour les projeter sur scène.
« Et on a beaucoup misé sur la bande sonore inspirée de l’émission culte de l’époque ‘Top 50’ », ajoute Magali Saluzzo, professeur à l’école depuis 2004, précisant: « On a également joué sur les costumes pour illustrer les tableaux de danse des années 80 à aujourd’hui! ».
Entièrement créées et cousues fil à fil par Marie-France, assistée d’Anne-Sophie Matas et de Rose Marie Chalaye, ces centaines de pièces, colorées et temporelles ont nécessité, comme le spectacle, des mois intensifs de préparation.
D’ailleurs, la machine à coudre de Marie-France Ceschel figure toujours en bonne place à l’école!
Ce spectacle promet des moments émouvants, drôles et empreints de nostalgie, dans lequel nombre de Mentonnais se reconnaîtront au cœur de cette grande famille de la danse… Le rêve continue.
« Un lieu habité par la danse »
Issue d’une famille mentonnaise et née à Menton à la fin des années cinquante, Marie-France Ceschel a créé et ouvert son école de danse le 1er septembre 1985, à quelques mètres de son lieu de naissance, avenue Carnot, et au rez-de-chaussée d’un ancien hôtel Belle Époque classé, « L’Astoria ».
Elle fait ses premiers pas de danse au conservatoire de la ville avec sa professeure Marika Besobrasova (des générations de Mentonnais s’en souviennent!) jusqu’à la terminale, et reprend des cours de danse à la MJC de Magnan, alors qu’elle fait des études à la faculté de Sciences éco de Nice.
« J’ai pris un cours et je me suis rendu compte que c’était mon rêve, ce que je voulais faire de ma vie, contre l’avis de mon père!… C’était une manière de m’adresser au monde et de m’exprimer ». Elle rentre à « Studio 9 », une école située place Saint-François dans le Vieux-Nice, et prend des cours auprès de Marie-Rose Basso-Visconti, puis elle enseignera le classique dans cette même école. Parallèlement, elle devient danseuse-comédienne dans la compagnie de Jacques Fenouillet et confie que le théâtre lui a beaucoup apporté dans sa carrière.
Plus tard, elle commence à donner des cours dans l’école de danse que ses sœurs fréquentaient à Menton (chez Mme Martin) et finit par la remplacer durant une année.
Plutôt qu’à être dirigée, elle choisit de se lancer, « j’ai toujours aimé être libre, alors j’ai fait le choix de créer ma propre école, dans un ancien local qui appartenait à mon père et lui servait de débarras! J’adore être là, c’est un beau lieu habité d’histoire et d’âme, habité par la danse… ».
Au départ, Marie-France Ceschel donnait plus de 12 heures de cours par jour dans plusieurs disciplines, l’école devient rapidement un lieu d’activités culturelles intense avec au moins deux créations originales par an, des ateliers chorégraphiques, des expositions… C’est le premier spectacle présenté en janvier 1986 au « Club 06 » à Menton, dans le cadre d’un petit festival de danse réunissant les écoles du Mentonnais, qui lance durablement son institut.
« J’ai commencé à recruter des professeurs et à créer un spectacle chaque année ».
Marie-France Ceschel a participé à de nombreux festivals et multiplié les stages pour « sortir de ma mécanique et casser mes codes, mais aussi apporter du matériel nouveau à mes élèves ».
Elle a travaillé avec les plus grands noms de la danse: Carolyn Carlson, Quentin Rouiller, Larrio Ekson, Jorma Uotinen, et bien d’autres…
Aujourd’hui, elle voit ses élèves s’épanouir, et certains prendre leur envol en intégrant des compagnies professionnelles en France et à l’étranger.
L’école rayonne aussi au-delà de Menton, au travers des concours départementaux, régionaux et nationaux qu’elle a régulièrement remportés.
L’info
Le spectacle rétrospectif « Top 40 1985- 2025 » sera donné vendredi 27 juin et samedi 28 juin, à 20 heures, au théâtre Francis-Palmero du Palais de l’Europe, à Menton.
Places en vente à l’école située au 23, avenue Carnot, du lundi au vendredi de 17h à 18h30 et sur place les soirs de spectacle.