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Non seulement les mères dorment moins longtemps après l’accouchement, mais les périodes de sommeil sans réveil diminuent drastiquement.
SOMMEIL – Toutes les futures mères le savent : dès que leur enfant aura pointé leur bout de son nez, elles pourront faire une croix sur les nuits sans réveils et les grasses matinées. Mais rares sont celles à prendre la mesure du grand chamboulement que l’arrivée d’un enfant va avoir sur leur sommeil, et les conséquences immédiates sur leur bien-être.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude présentée début juin lors de la conférence annuelle de l’American Academy of Sleep Medicine : non seulement les femmes perdent des heures cruciales de sommeil dans les premiers mois suivant l’accouchement, mais l’arrivée de leur bébé perturbe également la structure même de leurs nuits. De linéaire, leur sommeil devient durablement fragmenté, ce qui les laisse épuisées et accroît le risque de dépression post-partum.
« La perte importante de sommeil ininterrompu pendant la période post-partum a été la découverte la plus frappante, explique dans un communiqué Teresa Lillis, l’autrice principale de l’étude. Si les mères ont généralement retrouvé leur durée totale de sommeil nocturne d’avant la grossesse après la première semaine post-partum, la structure de leur sommeil est restée profondément modifiée. »
Des rythmes de sommeil perturbés
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi les cycles de sommeil de 41 femmes venant d’avoir leur premier enfant. Durant une année complète, ils ont recueilli auprès d’elles leurs données de sommeil, obtenues grâce à une montre connectée.
Ils ont d’abord constaté que leur durée moyenne de sommeil quotidien avait drastiquement diminué, passant de 4,4 heures de sommeil par nuit pendant la première semaine après l’accouchement, contre 7,8 heures avant leur grossesse.
Les jeunes mères dorment moins, et surtout sur des durées bien plus courtes. Leur plus longue période de sommeil ininterrompu est ainsi passée de 5,6 heures avant la grossesse à 2,2 heures pendant la première semaine après l’accouchement. Près d’un tiers des participantes (31,7 %) a déclaré avoir passé plus de 24 heures sans dormir au cours de la première semaine suivant la naissance de leur enfant.
Dormir sans interruption, un défi pour les jeunes mères
Évidemment, à mesure que leur bébé grandit et espace les biberons ou les tétées, les jeunes mères dorment davantage, pour atteindre 7,3 heures de sommeil en moyenne entre la huitième et la treizième semaine suivant l’accouchement.
Mais, observent les chercheurs, la discontinuité du sommeil reste un réel problème. Elles ne dorment ainsi que 3,2 heures sans interruption entre la deuxième et la septième semaine et 4,1 heures entre la huitième et la treizième semaine après la naissance.
Pour Teresa Lillis, ces résultats « transforment fondamentalement la compréhension du sommeil post-partum ». « Ce n’est pas le manque de sommeil, mais plutôt le manque de sommeil ininterrompu qui constitue le plus grand défi pour les nouvelles mères », résume-t-elle. Non seulement épuisées, ces dernières sont aussi plus fragiles psychologiquement, ce qui augmente le risque de dépression post-partum et d’autres problèmes de santé.
D’où la nécessité de mieux prendre en compte, dès l’accouchement, leurs besoins accrus en matière de sommeil, et de les accompagner au mieux dans leurs semaines de post-partum.
« Plutôt que d’encourager simplement les mères à “faire la sieste quand le bébé fait la sieste”, nos résultats montrent que les mères tireraient le plus grand bénéfice de stratégies qui protègent les possibilités de sommeil ininterrompu. »