Par

Clément Mazella

Publié le

23 juin 2025 à 12h54

« Toulouse en finale, ce n’est pas la même équipe », dixit Jefferson Poirot. « Le Brennus est attitré au Stade Toulousain », pour Maxime Lucu. Les deux Bordelais ont montré, samedi soir à Lyon après la victoire tranquille contre Toulon (39-24) qu’ils ont bien appris leurs cours de communication afin de laisser le costume de favori à son futur adversaire en finale de Top 14. Et pourtant, ce serait se voiler la face que de croire que Bordeaux-Bègles est outsider. L’an dernier, l’UBB l’était, mais depuis la gifle reçue (59-3), de l’eau a coulé sous les ponts et la formation girondine a sacrément monté le curseur. Ce n’est plus la même équipe, et franchement, elle a tout en main pour venir au Stade de France sans complexe et faire tomber un Toulouse plus prenable. Voici 4 raisons qui montrent que Bordeaux est favori.

Cette équipe sait gagner

« En Top 14, nous sommes des puceaux ». Dans les faits, difficile de contredire Jefferson Poirot. L’UBB n’a jamais passé le cut depuis sa naissance en 2006, et la dernière fois que le club girondin a soulevé le Brennus, c’était en 1991 sous l’appellation CA Bègles-Bordeaux.

Mais cette saison, le club de Laurent Marti a changé de dimension. La raison : il a raflé son premier titre majeur, montant sur le toit de l’Europe en gagnant la Champions Cup. Son armoire n’est plus vierge de trophées, et l’UBB connaît désormais la recette pour décrocher un titre. Ce n’est pas rien. Bien sûr, elle n’a pas l’expérience d’un Toulouse, véritable machine à gagner, mais avec ce trophée gagné, elle peut le regarder droit dans les yeux en lui disant : « moi aussi, je sais gagner ! ».

Une confiance incroyable

OK, Bordeaux-Bègles a fini derrière Toulouse durant la saison régulière. Mais très vite, la qualité de jeu déployée par la troupe de Yannick Bru a sauté aux yeux. Avec « sa patrouille de France », pilotée par un duo Lucu-Jalibert ultra-complémentaire dans l’animation, la ligne d’attaque de l’UBB peut prétendre actuellement au statut de meilleure ligne de 3/4 d’Europe. Mieux que Toulouse, où Dupont manque terriblement, et où Ntamack est sur une jambe.

Joueurs et staff de Bordeaux sont toujours habités par l'horrible souvenir de la défaite record subie contre Toulouse lors de la dernière finale de Top 14.
Le Bordeaux-Bègles de Bru et Lucu dégagent une confiance assez incroyable avant la finale du Top 14. (©IconSport)

Son pack, lui, a gagné en densité, et présente des garanties bien supérieures à celle de l’année dernière. « Nous avons un peu plus de certitudes. Nous avons une bonne mêlée, et notre touche est de meilleur niveau », avoue Poirot. Et comme tous les observateurs s’accordent à le dire, en finale, pour espérer battre Toulouse, il faut d’abord rivaliser devant. Force est de reconnaître que le pack girondin a les arguments pour cela.

Et puis, plus globalement, la confiance est clairement dans le camp bordelais. Privé de Dupont, Mauvaka et Capuozzo, Toulouse balbutie son jeu depuis des semaines (ce fut encore le cas en demie contre Bayonne), alors que c’est tout l’inverse du côté de Bordeaux. Encore une fois, face à Toulon samedi soir, ce fut huilé à souhait et terriblement efficace. 

Comme si rien ne pouvait inquiéter cette équipe, dont quasiment toutes les armes (Coleman est forfait) sont disponibles. L’inconnue, c’est bien sûr le cas Louis Bielle-Biarrey, mais l’UBB a montré qu’elle savait composer sans son phénomène.

Des cadres actuellement à leur sommet

Si des Arthur Retière, Jonny Gray, Matis Perchaud, Rohan Van Rensburg ou encore Temo Matiu sont venus renforcer l’UBB à l’intersaison, le XV-titulaire, lui, n’a quasiment pas bougé par rapport à la défaite historique concédée contre Toulouse l’an passé. 

Et un constat s’impose : au sein de cette équipe-type qui a gagné en maturité, un bon paquet de cadres sont actuellement au sommet de leur art. Le talonneur Maxime Lamothe, auteur d’un triplé retentissant en demi-finale, a aujourd’hui une tout autre envergure. Même topo pour le deuxième ligne Cyril Cazeaux, qui n’a pas manqué « d’impressionner » Fabien Galthié. Et avant de quitter la Gironde, Pete Samu fait bien plus que « remplacer » Tevita Tatafu.

Mais que dire de la charnière Lucu-Jalibert ? Elle n’a jamais semblé aussi forte et en totale maîtrise de la partition mise en place par Yannick Bru. Lucu, excellent plaqueur, rayonne dans l’art de faire jouer les autres, et son jeu au pied d’occupation est une merveille. Jalibert, lui, évolue sur un nuage : il est actuellement le meilleur n°10 d’Europe. Et là, il sera à 100% de ses moyens pour cette finale : pas comme l’an dernier

Matthieu Jalibert a été lancé à l'UBB à l'âge de 18 ans et quelques mois plus tard avec le XV de France par Jacques Brunel
Matthieu Jalibert est actuellement à son sommet avec Bordeaux-Bègles. (©Icon Sport)

Au centre, Yoram Moefana n’est plus ce joueur « timide » lors des gros rendez-vous. C’est un roc parfait dans le système bordelais, bien épaulé par son compère Nicolas Depoortère. Damian Penaud, lui, demeure ce sérial marqueur capable de sortir de sa boîte à n’importe quel moment. Un « facteur X » qui a grandi, et paraît moins fou-fou qu’avant.

Des cadres au sommet, ce qui n’est pas totalement le cas à Toulouse. Emmanuel Meafou, LA poutre du pack toulousain, n’a plus du tout son influence habituelle, quand des Cyril Baille ou Alexandre Roumat semblent aussi moins bien. Romain Ntamack évolue sur une jambe. Longtemps phare de la ligne d’attaque de Toulouse, Pita Ahki a baissé, au point de perdre sa place de titulaire. Cela fait beaucoup. 

3 victoires contre Toulouse cette saison

Les Bordelais ont insisté là-dessus samedi soir, après leur qualification en finale : le match du 28 juin prochain ne sera en rien « une revanche » de la claque reçue l’an dernier à Marseille (59-3). On aurait clairement pu penser qu’elle allait longtemps hanter l’esprit des bordelais : elle semble comme enfouie, digérée, oubliée. En si peu de temps, c’est fort.

Et puis, Bordeaux-Bègles peut se targuer d’un exploit cette saison : il est le seul des 18 clubs affrontés que Toulouse n’a pas réussi à battre. L’UBB n’a pas fait les choses à moitié : succès à Ernest-Wallon (12-16) fin septembre 2024, victoire 32-24 à domicile, et une demi-finale de Champions Cup remportée de main de maître 35-18. Psychologiquement, c’est un aspect à très clairement prendre en compte.

Bordeaux-Bègles ne peut pas se cacher en raison de tout ce qu’il vient d’accomplir cette saison : il ne peut pas dire qu’il n’est pas favori de cette finale de Top 14. 

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