Le budget militaire de l’Allemagne va progressivement augmenter. Le pays prévoit une montée en puissance continue de son effort de défense pour atteindre 3,5 % du PIB en 2029, ont indiqué ce lundi des sources gouvernementales à la veille de la présentation de la planification budgétaire nationale. Les dépenses militaires représenteront 2,4 % du Produit intérieur brut (PIB) cette année, contre 2 % l’an dernier, avant de grimper à 3,5 % en 2029, soit l’un des objectifs que devraient se fixer les pays de l’Otan réunis en sommet cette semaine à La Haye.

Sous la pression de Donald Trump et de la menace russe, les 32 pays de l’alliance vont se pencher mardi et mercredi sur un nouvel engagement de porter à au moins 5 % du PIB leurs dépenses de sécurité, dont 3,5 % réservés au domaine militaire stricto-sensu. Jusqu’à présent, l’objectif de dépenses militaires fixé par l’OTAN était de 2 % du PIB.

Une augmentation massive des investissements

Le gouvernement du chancelier conservateur Friedrich Merz, en fonction depuis le mois de mai, s’est engagé à une augmentation massive des investissements pour réarmer l’Allemagne et présentera mardi en Conseil des ministres son projet de budget 2025, ainsi que les grandes lignes de la planification budgétaire 2026-2029.

Selon des éléments communiqués dès lundi, l’Allemagne consacrera cette année une enveloppe de 95 milliards d’euros à la défense au sens strict, dont 62 milliards issus du budget ordinaire, 24 milliards provenant d’un fonds spécial financé par la dette et mis en place par le gouvernement précédent, ainsi qu’environ neuf milliards alloués au soutien à l’Ukraine.

Dans les années 1960, l’Allemagne consacrait jusqu’à 5 % de son PIB à la défense. Cette part est descendue sous les 2% après la chute de l’URSS en 1990, atteignant un plancher de 1,3 % en 2021, avant de remonter depuis le début de l’invasion russe en Ukraine.

Un changement profond pour l’Allemagne

Face à la menace russe et à l’incertitude croissante sur la protection américaine, le chancelier Friedrich Merz s’est engagé en mai à faire de l’Allemagne « l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe ». L’Allemagne, longtemps marquée par un pacifisme profond et un sous-investissement militaire, opère ainsi un tournant stratégique majeur.

Dans un pays traditionnellement attaché à la rigueur budgétaire, le nouveau gouvernement a aussi activé une « clause de défense », permettant d’exclure une partie des dépenses militaires – y compris la défense de base, la cybersécurité, la protection civile et l’aide à des pays attaqués comme l’Ukraine – du calcul du déficit public. Le budget 2025 doit encore être adopté par le Bundestag d’ici le 19 septembre.

L’Allemagne compte aussi renforcer son nombre de soldats, c’est pourquoi le ministre social-démocrate de la Défense Boris Pistorius souhaite inscrire dans son projet de loi sur le nouveau service militaire volontaire – pour l’instant basé sur le volontariat – une option de retour partiel à la conscription, suspendue en Allemagne depuis 2011.