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Rédaction Rennes

Publié le

10 avr. 2025 à 12h23

Il y a six ans, Françoise* avait pris en charge le chat de Carolanne X., une jeune femme qui vit seule à Chantepie (Ille-et-Vilaine). Depuis, la vétérinaire d’Acigné vit « recluse » et n’ose même plus « aller se chercher un sandwich » : son ancienne cliente « rôde » en permanence autour de son cabinet et multiplie les appels au standard et sur son propre téléphone portable.

Ce mercredi 9 avril 2025, le tribunal correctionnel de Rennes a de nouveau constaté « l’irresponsabilité pénale » de cette trentenaire qui fait depuis six ans un « délire érotomaniaque » sur la vétérinaire. 

La vétérinaire dessinée nue

En février 2024, Carolanne X. avait ainsi déjà été renvoyée devant le même tribunal correctionnel de Rennes pour une série de faits similaires. À l’époque, la trentenaire était allée jusqu’à « dessiner nue » Françoise et afficher son « œuvre » sur la porte du cabinet vétérinaire…

Elle avait aussi posé « une balise » sous son véhicule, et s’était même introduite dans son cabinet et chez ses parents. À l’époque, la secrétaire de la clinique vétérinaire avait dû venir en aide à sa patronne, qui n’osait pas sortir de son lieu de travail pour rentrer chez elle. Le mari de la secrétaire, venu en renfort, avait alors été « mordu » par Carolanne X. après que cette dernière a été retrouvée « tapie derrière un buisson ».

Hospitalisée sur demande du préfet

Lors de ce premier procès, les juges avaient déjà constaté « l’irresponsabilité pénale » de la prévenue, qui avait été condamnée à « une interdiction de contact » et de « paraître au domicile et sur le lieu de travail » de la victime. Elle avait dans la foulée été « hospitalisée sur demande du préfet » d’Ille-et-Vilaine au Centre hospitalier Guillaume-Régnier (CHGR).

Mais à sa sortie de l’hôpital psychiatrique de Rennes, à compter de septembre 2024, le « harcèlement sexuel » était reparti de plus belle. Carolanne X. avait en effet « changé de numéro » et avait appelé la vétérinaire d’Acigné « à 16 reprises » en l’espace de « deux heures trente » – sans compter des SMS parfois « sexualisés ».

Le lendemain, le téléphone du cabinet avait sonné « à 27 reprises », au point de faire « saturer » le standard. Au total, les gendarmes ont ainsi dénombré « 127 appels » en l’espace de « trois semaines ».

Un « délire érotomaniaque »

Carolanne X. avait donc été de nouveau hospitalisée pendant « deux mois et demi » en octobre 2024 et en est de nouveau ressortie, a-t-on appris ce mercredi 9 avril 2025 lors cette nouvelle audience au tribunal correctionnel de Rennes. Elle est désormais « traitée en soins sans consentement » et reçoit « des injections toutes les deux semaines ».

À la barre, où la victime n’était pas présente, Carolanne X. n’a pas souhaité s’exprimer. Devant les enquêteurs, elle avait expliqué qu’elle avait la vétérinaire d’Acigné « dans la tête en permanence » et qu’elle souhaitait le lui « faire savoir »… Un « délire érotomaniaque », avait conclu un psychiatre amené à l’examiner.

Mais aujourd’hui, la trentenaire est « stabilisée » et a « beaucoup pris de recul » : elle est « capable de voir le caractère totalement inadapté » de ses agissements, a assuré son avocate Me Stéphanie Peltier.

« Ça ne s’arrêtera jamais »

Mais « à quoi bon ? » se demande toutefois la vétérinaire puisque « ça ne s’arrêtera jamais », a fait savoir son avocate. « C’est soit je meurs, soit elle meurt. » Sa cliente s’interdit ainsi de tisser des relations avec de nouvelles connaissances. 

Le procureur de la République avait requis pour sa part les « deux mêmes mesures de sûreté » que lors de son précédent passage à la Cité judiciaire de Rennes, au vu de « l’abolition totale » du discernement de la prévenue, selon les experts.

Carolanne X. aura donc interdiction de revenir à Acigné, de se présenter chez sa victime et de la contacter pendant 10 ans.

*Nom d’emprunt

Claire Besnard – PressPepper

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