L’Assemblée nationale vient de révéler quelques images et une maquette de ce nouveau bâtiment d’accueil, qui doit ouvrir en 2028 : une façade de verre supposée évoquer la transparence. Alors même que la presse n’a pas été informée…
En venant du pont de la Concorde, le futur pavillon se situera à droite du fronton à colonnes dessiné en 1806, et qui fait écho à celui de l’église de la Madeleine. Photo Laure Boyer/Hans Lucas via AFP
Publié le 23 juin 2025 à 17h20
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Encore une de ces polémiques architecturales dont Paris a le secret. L’Assemblée nationale vient de dévoiler, à l’occasion d’un « week-end portes ouvertes », quelques images et la maquette de son futur pavillon d’accueil, qui doit être construit d’ici à 2028. Proposé par sa présidente, Yaël Braun-Pivet, ce bâtiment a été approuvé à l’unanimité par le bureau du Palais-Bourbon. Mais la presse n’a pas été informée. Pour un projet devant symboliser la transparence, ça tombe mal.
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En venant du pont de la Concorde, le pavillon se situera à droite du fronton à colonnes dessiné en 1806, et qui fait écho à celui de l’église de la Madeleine. À l’intérieur, une surface importante — plus de 4 000 mètres carrés — contiendra, dit une brochure sur les journées portes ouvertes, « un parcours citoyen, immersif, participatif et pédagogique » sur l’histoire et le fonctionnement de cette maison des citoyens. Le projet a été confié sur concours à l’agence Moatti-Rivière, qui a déjà signé la scénographie de l’Hôtel de la Marine, de l’autre côté de la place de la Concorde. Mais l’agence ignorait que la révélation du projet aurait lieu ce week-end. Et elle précise en être seulement à la phase d’étude.
Des courbures qui évoquent plutôt… la Samaritaine
À en croire les rares images disponibles, de mauvaise qualité, les architectes ont dessiné une façade vitrée en quatre éléments bombés verticaux évoquant des colonnes de verre. « Ce nouvel accueil, qui respectera l’identité du site et les dimensions du pavillon actuel, s’ouvrira sur la ville et mettra en valeur l’emblématique colonnade, comme un message de bienvenue », affirme le document de l’Assemblée.
Projet de nouvel accueil du public de l’Assemblée nationale, par le cabinet d’architecture Moatti-Rivière. Moatti-Rivière
Mais les courbures vitrées évoquent plutôt la façade de la Samaritaine, rue de Rivoli. Et leur style néoclassique rappelle les grosses colonnes doriques qu’affectionnait l’architecte Ricardo Bofill dans les années 1980. Si l’intention d’« ouvrir encore plus grand les portes de la démocratie » est louable, ce projet risque donc de susciter une forte opposition. Et la manière cafouilleuse dont il est révélé laisse songeur. La Tribune de l’art annonce déjà sur son compte X un « scandale de première catégorie ». Nul doute que les associations de défense du patrimoine vont s’en mêler.