« Je l’ai appris par une lettre recommandée ce [lundi] matin. Je trouve ça vraiment cavalier, j’ai eu le maire au téléphone, il nous soutient », souffle cette propriétaire des Iscles, à Saint-Laurent-du-Var.

Entre le 28 juin et le 5 août, son terrain, comme celui d’autres propriétaires sera réquisitionné par la préfecture des Alpes-Maritimes pour l’accueil de gens du voyage: 120 familles maximum – soit environ 300 personnes.

Le préfet a signé un arrêté pour l’hébergement d’urgence et l’accueil du groupe, faute d’aire de grands passages dans le département, comme l’impose pourtant la loi du 5 juillet 2000.

« Je suis tombé sur la tête »

« Je suis tombé sur la tête quand je l’ai appris », grogne, de son côté, Paul Sartirioli. Le président de l’association des propriétaires des Iscles est lui aussi touché.

« Je peux comprendre que le préfet réquisitionne puisqu’il n’y a pas de terrains à cause de la carence des élus, mais on y est pour rien, nous », soupire-t-il. « Il y a des terrains réquisitionnés avec des maisons, dont la mienne. Et des terrains avec des potagers », glisse-t-il encore. « Sans parler du chemin pour y arriver, c’est une voie à peine dessinée », dit Paul Sartorioli.

« Site partiellement pollué »

Les parcelles réquisitionnées sont coincées entre le terrain de sport et la caserne des pompiers. Une partie de ce site destiné à accueillir les caravanes appartient à la municipalité.

« Nous avons été informés, dans un délai particulièrement intenable. (…) Moins de 10 jours, sans aucun aménagement préalable, aucune anticipation des besoins logistiques. (…) » déplore également la commune. Joseph Segura, le maire de Saint-Laurent-du-Var, conteste un choix « inadapté », sans remettre en cause « l’accueil des gens du voyage ».

Le site imposé « est partiellement pollué, avec la présence de déchets inertes, de matériaux amiantés et de dépôts sauvages », détaille la Ville.

Qui a saisi en référé le tribunal administratif de Nice pour faire suspendre l’arrêté préfectoral. La décision sera rendue demain.

« Un échange plus humain »

«  »J’ai échangé avec le préfet et il a évoqué la nécessité de faire tourner les sites d’installations pour une raison d’équité territoriale » », lance Bryan Masson, le député Rassemblement national de la 6e circonscription.

« Cela ne peut pas toujours être les mêmes communes, comme Levens, par exemple », précise le parlementaire, ancien élu municipal laurentin.

Pour le député, il est normal de les accueillir puisqu’il manque des aires dédiées à leur installation. Mais il prône « un échange plus humain ».

« Le préfet devrait rencontrer les propriétaires concernés, expliquer le choix des parcelles », décrypte-t-il. Déplorant: « Le manque d’anticipation des élus ».