Dans le Bas-Rhin, le modèle strasbourgeois d’aménagement d’espaces extérieurs (Espex) continue son bonhomme de chemin. Depuis 2016, il porte l’objectif de diffuser végétalisation, infiltration des eaux pluviales, réalisation de placettes, liaisons douces et autres aires de jeux à des quartiers sociaux qui ne sont pas inscrits aux programmes de renouvellement urbain soutenus par l’Anru. « Leurs besoins sont cependant tout aussi importants, et l’attente des habitants est dès lors également légitime quant à l’amélioration de leur cadre de vie. Il s’agit aussi d’empêcher que se forme un contraste entre le bas des immeubles et les habitations elles-mêmes qui sont rénovées par les bailleurs », expose Benjamin Soulet, adjoint à l’équité territoriale à la mairie de Strasbourg.
Programmes plus globaux
Des problématiques financières et techniques ont poussé l’Eurométropole de Strasbourg (EMS) à concevoir 11 programmes plus globaux. Parmi elles, l’arrêt programmé, devenu effectif en 2022, des subventions de l’Etat à l’entretien dans de tels quartiers des espaces privatifs mais « ouverts et à usage public », comme les cheminements de liaisons. Sans compter la nécessité de « clarifier la domanialité », à savoir les répartitions de propriété foncière entre collectivités et bailleurs restées floues dans la frénésie de poussée des HLM d’après-guerre.
Ces projets se répartissent sur quatre communes de l’agglomération, leur maîtrise d’ouvrage incombant selon les cas à l’EMS, à la Ville de Strasbourg ou au bailleur du quartier, avec cofinancement des autres parties. Ils représenteront au total quelque 27 M€ de travaux. Quatre millions d’euros se concentrent depuis mars dernier sur un site emblématique : la cité Rotterdam, pionnière strasbourgeoise des grands ensembles bâtie en 1953. Au pied des 712 logements de l’office public Ophéa – que celui-ci complétera d’une résidence seniors de 38 unités d’ici 2027 -neuf réaménagements se conjugueront jusqu’au premier trimestre 2026 (maîtrise d’œuvre : Soderef et Chemins indiens). Nouveau plateau sportif, piétonnisation d’une rue, d’une place et d’un point de passage, modification de trottoir, végétalisation pour réunir les deux parties du parc du quartier, infiltration des eaux, travail sur le stationnement : le projet concentre les principaux axes directeurs de la démarche Espex.
Les usages comme point de départ
« Et comme ailleurs, il part d’un recensement détaillé des usages, au cas par cas », souligne Benjamin Soulet. Sur l’autre quartier dont les travaux démarrent, celui des « Généraux » à Schiltigheim, les constats de stationnements sauvages, de manque d’espaces verts ou d’étroitesse de la piste cyclable déterminent les réaménagements, tels la voie vélo rendue bidirectionnelle et la création d’un parc public et de nouvelles places de stationnement.
La démarche Espex veut aussi contribuer au déploiement des îlots de fraîcheur et à la désimperméabilisation dans l’agglomération. Ainsi, il a fait gagner 4 000 m2 d’espaces verts, soit 25 % de plus, à la cité du Guirbaden à Bischheim où elle a été mise en œuvre jusqu’à fin 2021.