« Un décalage considérable entre [les] annonces publiques et la réalité constatée », c’est ce que dénonce Éric Ciotti. Le député de la première circonscription et probable candidat aux prochaines municipales de Nice a écrit en milieu de semaine à Christian Estrosi, le maire de Nice.

Selon l’ennemi intime de Christian Estrosi il y aurait « un décalage abyssal entre les effectifs annoncés de la police municipale à Nice et la réalité du terrain ».

« Moins que du temps de Jacques Peyrat »

La majorité en place, dans sa communication, avance sa volonté de vouloir recruter 50 agents de plus pour porter l’effectif à 600 policiers.

Or, selon Éric Ciotti, il n’y aurait en réalité « pas plus de 330 policiers municipaux niçois opérationnels » dont « une quarantaine en congés longue durée, grossesse ou non armés » et une « trentaine affectée à des tâches administratives ».

Le patron de l’Union des Droites pour la République, estime dès lors qu’il n’y aurait « pas plus de 260 policiers municipaux sur le terrain ».

« Moins que du temps de Jacques Peyrat [l’ancien maire de Nice] », assène l’élu azuréen qui accuse la Municipalité de « mensonges ».

« Un maquillage politique [qu’il] dénonce avec gravité » et qui obligerait la municipalité à avoir recours à des agents de sécurité pour pallier son manque de policiers municipaux.

Un tissu « d’absurdités »

C’est le premier adjoint de la Ville, en charge de la Sécurité, qui sort du bois pour répondre aux « absurdités » du député. Anthony Borré n’hésite pas à tacler Éric Ciotti dont il déplore « la méconnaissance absolue et totale d’un sujet dont il prétend être un spécialiste ».

Ce membre de la majorité réaffirme sa volonté de porter l’effectif de la police municipale à 600 agents. « C’est ce que nous voulons et ce que nous pouvons faire », assure-t-il en rappelant que c’est ce qui a été voté lors du dernier budget.

Mais pour arriver à ce nombre encore faut-il recruter. C’est ce que fait Nice en dépit de la concurrence entre les communes qui se disputent le peu de nouveaux agents diplômés chaque année.

« Nos effectifs ont encore augmenté de 7% cette année », assure Anthony Borré qui balaye les chiffres avancés par Éric Ciotti.

« Nous en avions 403 en 2024 et nous avons 421 en 2025 auxquels s’ajoutent 30 en recrutement en cours et 22 en formation. Soit 473 policiers municipaux et non 330. »

L’élu niçois s’offusque de « l’anathème » jeté sur certains de ces agents.

« Parce qu’une policière est enceinte ou parce qu’un autre est en poste, non armé, au centre de supervision, ceux-là ne seraient plus vraiment des policiers municipaux? », déplore-t-il en faisant référence à la décote opérée par Éric Ciotti qu’il accuse tout bonnement de « fake news ».

Quant aux agents privés de GAIDA (1), s’il défend leur utilité et leur efficacité à laquelle le département a pourtant refusé de concourir financièrement au travers de son bailleur social Habitat 06, « non ils n’ont pas vocation à remplacer les policiers ».

Les chiffres du ministère de l’Intérieur

Dans cette guerre des chiffres qui dit vrai? Pour le savoir nous sommes allés consulter les bases de données du ministère de l’Intérieur, disponibles sur le site gouvernemental data.gouv.fr. Le dernier fichier mis à jour en mai dernier recense les effectifs de toutes les polices de France en 2023.

Cette année-là Nice comptait dans ses rangs 411 policiers municipaux et 158 agents de sécurisation de la voie publique (ASVP). Soit 1,6 agent pour mille habitants.

Et 1,17 policier municipal pour 1.000 habitants. Un taux qui plaçait la capitale azuréenne au troisième rang des villes de plus de 100.000 habitants les mieux dotées de France, après Perpignan et Nîmes, mais devant Paris, Marseille, Lyon ou encore Grenoble.

Le plus ancien fichier recensé sur ce site rapporte les effectifs de 2013. Dix ans plus tôt Nice comptait alors 366 policiers municipaux épaulés par 132 ASVP.

1. Groupement d’agents interbailleurs contre les désordres et les abus.