« Le seul message véhiculé par le pavoisement du drapeau israélien sur l’hôtel de Ville de Nice, c’est le soutien aux otages, le rejet du terrorisme. Et personne, de bonne foi, ne peut se tromper sur ce message », martèle à la barre du tribunal administratif, maître Pauline de Faÿ, l’avocate de la commune administrée par Christian Estrosi, ce mardi matin. C’est le cœur de son argumentation.
En face, maîtres Mireille Damiano et Rosanna Lendom n’en démordent pas et le détaillent face au juge administratif qui examinait, ce mardi, leur référé suspension, une mesure d’urgence: « Le message n’est pas celui pour une libération des otages. (…) Mais bien un soutien à l’État d’Israël et à la guerre ». La décision devrait être rendue ce mercredi.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts
Depuis le 9 octobre 2023, le maire de Nice a pavoisé le drapeau de l’État hébreu sur la façade de la maison commune. Plusieurs drapeaux même. Un geste deux jours après l’attentat du 7 octobre 2023 alors que les terroristes du Hamas avaient mené des attaques coordonnées sur Israël, massacrant 1200 personnes et faisant 250 otages. Il reste 52 otages à Gaza, dont une vingtaine seulement pour lesquels une preuve de vie existe. Depuis, l’offensive israélienne a fait des dizaines de milliers de morts à Gaza, dont des milliers d’enfants selon l’Unicef.
« Tant qu’il y aura des otages »
« Il est urgent de déconnecter Nice du conflit », a encore fait valoir maître Lendom devant le tribunal. « Nice est la seule ville en France, peut-être même la seule du monde qui a cette position. Et cela fait de notre ville une cible privilégiée », a-t-elle ajouté, évoquant « l’anxiété de beaucoup de Niçois ». Pour la Ville de Nice, maître Faÿ, réplique: » Il n’y a aucun engagement politique, aucune revendication religieuse. (…) Tant qu’il restera des otages, Christian Estrosi l’a toujours dit, le drapeau restera ».
Rappel à l’ordre du préfet
Il l’a même dit au nouveau préfet des Alpes-Maritimes, Laurent Hottiaux qui, dans un courrier l’a rappelé à l’ordre, la semaine dernière lui demandant, en vertu du principe de neutralité des bâtiments publics, d’ôter les « drapeaux étrangers ». Israéliens s’entend. » C’est un refus au gouvernement, pas au préfet », avait argumenté le maire de Nice dans nos colonnes, le 17 juin.
« On espère que le préfet fasse maintenant un déféré (1) », confie maître Damiano. Qui attend aussi que soit audiencé son deuxième recours, cette fois « pour excès de pouvoir ». Là encore, avec maître Lendom, elle représente sept citoyens, dont Christian Masson, président du Mrap06 (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) et encore Sylvaine Bourquin, de l’association France Palestine Solidarité.
1. Le préfet peut saisir la juridiction administrative dès lors qu’il détecte une illégalité.