© Shutterstock – La lutte contre la pollution de l’air francilienne est sur la bonne voie, mais loin d’être achevée, selon le dernier bilan publié par Airparif.
Alors que les Franciliens respirent un air de meilleure qualité qu’il y a vingt ans, la pollution atmosphérique continue de peser lourdement sur leur santé. C’est le constat dressé par le dernier bilan d’Airparif publié en avril 2025, qui confirme une tendance à l’amélioration, mais appelle à une mobilisation durable face à un fléau encore loin d’être éradiqué.
Une pollution divisée par deux en deux décennies
Les efforts conjoints des autorités locales, nationales et européennes ont permis de réduire significativement les concentrations des polluants les plus nocifs pour la santé. En Île-de-France, entre 2005 et 2024, les niveaux de dioxyde d’azote (NO₂) et de particules fines (PM2,5) ont chuté respectivement de 50 % et 55 %, d’après les données collectées par Airparif. Cette baisse est le fruit de politiques ciblées : limitation du trafic automobile, modernisation du chauffage, réglementation industrielle et déploiement de zones à faibles émissions (ZFE).
Ces progrès se traduisent concrètement par une baisse de la mortalité liée à la pollution. Selon l’Observatoire régional de santé (ORS-IDF), les décès prématurés attribués à la pollution ont reculé de 40 % entre 2010 et 2019, passant de 10 000 à environ 6 200. Pourtant, la pollution de l’air reste responsable d’une perte moyenne de 10 mois d’espérance de vie par adulte dans la région et de milliers de cas de maladies chroniques : asthme, cancers du poumon, AVC, infarctus ou diabète de type 2.
Des inégalités d’exposition persistantes
Si la qualité de l’air s’améliore globalement, les disparités géographiques demeurent fortes. En 2024, 800 Franciliens vivaient encore dans des zones où la pollution dépassait les valeurs limites réglementaires européennes — principalement à moins de 50 mètres des grands axes routiers comme le périphérique parisien ou les autoroutes A1, A3 et A86. Ces zones concentrent une part importante de la population la plus exposée et la plus vulnérable.
© Airparif – Evolution de la qualité de l’air au regard des seuils réglementaires et sanitaires.
Et les normes actuelles sont encore loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En 2024, 85 % des Franciliens étaient exposés à des niveaux de dioxyde d’azote supérieurs aux seuils préconisés par l’OMS. L’ozone de basse altitude, dont les niveaux stagnent depuis 20 ans, continue lui aussi de représenter un risque sanitaire majeur, d’autant plus qu’il est également un puissant gaz à effet de serre.
Un défi climatique et environnemental
Outre ses effets sur la santé humaine, la pollution de l’air a un impact notable sur les écosystèmes. Elle nuit à la croissance des végétaux, à la biodiversité, aux pollinisateurs et contribue à l’eutrophisation des milieux aquatiques. Le réchauffement climatique accentue encore ces effets, notamment pour l’ozone, dont l’impact sur le climat a augmenté de 15 % entre 2005 et 2024.
Une nouvelle directive européenne fixe des seuils plus stricts à respecter d’ici 2030. Si elle était appliquée aujourd’hui, plus de 2,6 millions de Franciliens seraient en situation de dépassement, principalement à proximité des axes routiers. “Les politiques publiques en cours, comme la ZFE métropolitaine, permettront de respecter ces nouvelles normes sur la majorité du territoire, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires sur les zones les plus exposées “, estime en conclusion Airparif.