Par
Fabien Binacchi
Publié le
24 juin 2025 à 18h32
Il a des dizaines de milliers de followers qui attendent tous les jours avec impatience ses prévisions avisées. Très suivi sur les réseaux sociaux, où il fait notamment la pluie et le beau temps de Marseille et des Bouches-du-Rhône, le météorologue Paul Marquis, fondateur des applis La Météo du 13 et Prévi+, fait aussi parfois face à des vagues de haine. Dès qu’il est question de chaleur anormale et de canicule, comme en ce moment, et plus généralement de dérèglement climatique, certains internautes, qu’il n’hésite pas à qualifier de « climatosceptiques », s’en donnent à cœur joie. « On se fait très régulièrement insulter », confie-t-il à actu Marseille.
« C’est vraiment de pire en pire »
Passionné de météorologie depuis qu’il est tout petit, Paul Marquis a fini par en faire son métier. Une profession grâce (à cause de) laquelle, il s’est également trouvé une autre occupation… bien malgré lui. « La modération des commentaires mes réseaux sociaux prend de plus en plus de temps. J’en suis peut-être à plus d’une heure par jour. C’est vraiment de pire en pire », souffle le spécialiste.
Comme ses confrères, et notamment Guillaume Séchet, dont le coup de gueule contre « un niveau de bêtise que jamais il n’aurait cru possible » a fait grand bruit, l’expert météo des Bouches-du-Rhône essuie des torrents de railleries et d’insultes sur certaines de ses publications.
Un commentaire posté sur une publication de Paul Marquis, sur Facebook (©Capture d’écran Facebook)« On m’accuse même d’être payé par le gouvernement »
En ce moment, avec l’épisode de canicule, qui atteint des niveaux inquiétants, c’est un véritable festival, reconnaît-il. « Des climatosceptiques », voire « des complotistes » entrent en action dès qu’ils le peuvent pour nier le dérèglement climatique.
« On me traite de con, de débile. On m’accuse même de faire partie de l’État ou d’être payé par le gouvernement pour raconter les informations que je partage, pour faire du lavage de cerveau en quelque sorte », explique celui dont l’expertise n’est pourtant plus à démontrer. Ses publications reprennent des données scientifiques vérifiées et vérifiables et des analyses climatologiques, qui comparent la météo sur plusieurs décennies, sourcées.
Quand c’est vraiment insultant, je supprime, et ça arrive très fréquemment. Quand ça ne l’est pas, et que j’ai un peu de temps, j’essaie quand même de répondre, d’expliquer.
Paul Marquis
« C’est normal, c’est l’été »
Il n’a qu’à se pencher sur ces toutes dernières publications, et notamment celle, alarmante, sur « la Méditerranée, déjà en surchauffe en ce 23 juin ». Il explique que la température de l’eau est déjà de « près de 25°C au large des Bouches-du-Rhône », soit « une anomalie de 4°C pour la période » et « du jamais vu depuis le début des relevés », qui ont pourtant commencé dans la moitié du XIXe siècle.
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Il précise que « même en 2003 », année d’une canicule d’ampleur exceptionnelle dans toute l’Europe, « la mer n’était pas aussi chaude ».
La plupart des internautes s’inquiètent, à juste titre, pendant que certains ironisent ou cherchent à minimiser : « Vive l’été et sa chaleur, jamais vu la neige en cette saison », «’Méditerranée en surchauffe 23 degrés’ lol », « c’est normal, c’est l’été ».
« Vous n’en avez pas marre de dire de la merde ? »
Sur une autre publication, la charge est encore plus violente : « Oh… l’hiver il fait froid… Oh… l’été il fait chaud… Vous n’en avez pas marre de dire de la merde ? » lâche un commentateur, gratuitement, à l’adresse de Paul Marquis.
Mais pas de quoi décourager celui qu’actu Marseille fait régulièrement intervenir dans ses articles. Il trouve même une explication à ce genre de commentaires : « Certains se basent sur des souvenirs biaisés qu’ils ont entendu de leurs parents ou de leurs grands-parents. Ils expliquent qu’ils savent qu’il avait fait très chaud telle ou telle année et que, de fait, selon leur expertise à eux, rien n’est exceptionnel. Alors que c’est bien clair. »
D’autres sont juste là pour dénoncer ce qu’ils croient être « une propagande ». « Un phénomène que l’on voit depuis plusieurs années, notamment sur X, mais qui a tendance à s’accentuer encore. Et c’est quand même très inquiétant », tranche le météorologue.
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