Le 13 juin dernier, Jean-Philippe Vetter présentait ses premières mesures. Premier candidat officiellement déclaré, le conseiller d’opposition LR souhaite « être le porte-voix des Strasbourgeois » et réparer « une ville fracturée » entre une « partie qui décide » et « l’autre qui subit ». Parmi les idées, une démocratie locale revitalisée, ainsi que de grandes fêtes populaires.
« Je veux être le porte-voix de celles et ceux qu’on n’entend pas aujourd’hui. » Le 13 juin dernier à l’Esplanade, Jean-Philippe Vetter a joint le geste à la parole, posant avec un mégaphone devant la presse qui s’était déplacée, échangeant également quelques plaisanteries convenues sur le fait qu’il ne rejoindrait pas la CGT.
S’il ne l’a pas utilisé, sans doute pour ne pas perturber la quiétude du voisinage, le premier candidat déclaré aux municipales de 2026 a toutefois décidé qu’il était temps de porter ses premières idées dans le débat public. « Un projet issu des réalités du terrain » selon l’élu d’opposition, formé après 7 réunions de quartier de son mouvement « Aimer Strasbourg », passées à « aller à la rencontre des Strasbourgeois et les écouter ».
© Nicolas Kaspar / Pokaa
Réparer « une ville fracturée »
Mais avant les propositions, un constat : Strasbourg souffrirait d’être une « ville plus que jamais fracturée », où « une partie décide et l’autre subit ». Pour appuyer son propos, il cite les dossiers de la rue Mélanie et du tram Nord.
Pourtant, selon lui, « les Strasbourgeois ont le désir de participer à cette campagne municipale ». Mais « beaucoup ont l’impression de ne pas être écoutés » par une « maire verte, mais pas ouverte », dont le candidat critique l’aspect militant et idéologique.
Si l’on peut se demander pourquoi il n’y aurait que la municipalité écologiste qui aurait le droit d’être taxée d’idéologie ou de militantisme, Jean-Philippe Vetter l’assure : lui sera « un maire de concorde » et le porte-voix des quartiers strasbourgeois oubliés.
Pas une mince affaire, lui qui traîne la réputation d’être surtout le porte-voix des revendications des quartiers de la Robertsau, de l’Orangerie ou de l’avenue des Vosges.
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« L’enjeu c’est le coin de la rue » : revitaliser la démocratie locale
Car Jean-Philippe Vetter le sait : s’il veut prétendre à succéder à Jeanne Barseghian en mars prochain, il doit élargir son électorat au-delà de sa zone de confort. C’est sans doute pour cela que, s’il cite d’abord plusieurs problématiques comme le stationnement, la propreté ou la sécurité, son grand défi est de revitaliser la démocratie locale, qui « ne peut pas seulement reposer sur des élections tous les 6 ans ».
On vit dans un monde où on a 5 000 amis sur Facebook mais où personne ne vous aide pour un déménagement.
Jean-Philippe Vetter
Regrettant une « archipelisation de la vie strasbourgeoise » où « on ne fait plus ville ensemble », il souhaite revoir le système des assemblées de quartier et des adjoint(e)s de quartier, mais également demander l’avis des Strasbourgeois(es) sur toutes les grandes thématiques avec des référendums populaires. Car selon lui, « l’enjeu, c’est le coin de la rue », et il y a besoin de « porter de grands projets fédérateurs qui permettent de rendre fiers les Strasbourgeois ».
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Organiser de grandes fêtes populaires
Exemple de projets fédérateurs ? De grandes fêtes populaires organisées par la Ville, mais également remettre au goût du jour les fêtes de voisins et de quartier. Pour cela, il compte en premier lieu davantage « aider les associations culturelles et sportives, en repensant les dépenses publiques et en investissant pour valoriser le bénévolat, en crise aujourd’hui ». Pour cela, il propose par exemple de mettre en place la gratuité des transports ou des piscines publiques pour les bénévoles.
Il faut accepter que la ville puisse vivre parfois, notamment la nuit.
Jean-Philippe Vetter
Sur la question des grandes fêtes populaires, la proposition a de quoi surprendre, puisque l’électorat de Jean-Philippe Vetter n’est pas forcément réputé pour apprécier la vie nocturne ou le bruit. Interrogé sur cet aspect particulier, celui qui voulait un Berghain façon Strasbourg en 2020 assume un peu de vie nocturne : « Il faut aussi parfois une ville qui fasse la fête. Il faut accepter qu’on soit une fête populaire, une ville qui vit. »
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Quelles différences avec les autres partis de la droite et du centre ?
Si la proposition des grandes fêtes populaires distingue Jean-Philippe Vetter des autres partis et mouvements de droite et du centre fomentant leur programme pour les municipales, le candidat LR possède de nombreux atomes crochus avec ses partenaires d’opposition.
Le désir de refonte du système d’adjoint(e)s de quartier est partagé par Pierre Jakubowicz, tandis que les référendums populaires figurent également dans les premières propositions de Renaissance [que l’on vous détaillera plus tard dans la semaine, ndlr].
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Peu étonnant alors que Jean-Philippe Vetter plaide pour « créer les conditions de l’union des propositions, ce que les Strasbourgeois attendent ». Néanmoins, lorsqu’on lui demande s’il accepterait de passer la main et de se ranger derrière une candidature mieux placée que la sienne, le candidat botte en touche… Tout en rappelant son CV politique, faisant de lui le mieux placé pour mener une campagne municipale, selon ses termes.
En attendant, Jean-Philippe Vetter organise encore trois réunions publiques jusqu’au 1er juillet pour écouter les Strasbourgeois(es), avant de les convier à un grand banquet républicain le 6 juillet au parc de Pourtalès [en espérant qu’il n’y ait pas de soucis rue Mélanie, ndlr]. L’occasion de mettre en pratique sa volonté de grande fête populaire. Et peut-être, qui sait, le croisera-t-on avec son mégaphone.
© Nicolas Kaspar / Pokaa