En route vers l’Otan, Donald Trump a déconcerté ce mardi 24 juin ses alliés, en restant évasif sur son engagement à les défendre.

HAIYUN JIANG / AFP

En route vers l’Otan, Donald Trump a déconcerté ce mardi 24 juin ses alliés, en restant évasif sur son engagement à les défendre.

INTERNATIONAL – Donald Trump a une nouvelle fois déconcerté ses alliés de l’Otan, en remettant en question un article fondateur de l’Alliance. Peu avant son arrivée ce mardi 24 juin au sommet qui se tient à La Haye, le président américain est resté très évasif sur son engagement à défendre les dirigeants occidentaux.

L’article 5 peut « se définir de plusieurs façons », a-t-il lancé dans l’avion le transportant vers les Pays-Bas. Cet article, signé à Washington en 1949 par ses 12 membres fondateurs et pierre angulaire de l’Alliance, pose le principe de défense mutuelle : si un pays membre est attaqué, tous les autres se portent à son secours. Cependant, comme le souligne le journal Les Échos, chaque pays membre peut « prendre les actions qu’il jugera nécessaire » pour garantir la paix en Europe et en Amérique du Nord, et donc interpréter à sa manière l’article 5.

« Mais je m’engage à être leur ami », a tenté de nuancer Donald Trump face à la presse. « Vous savez, je me suis lié d’amitié avec bon nombre de ces dirigeants, et je m’engage à les aider. » Avant de conclure la discussion face aux journalistes qui lui demandaient de clarifier ses propos sur l’aide aux alliés : « Je vous donnerai une définition exacte quand j’y serai, je ne veux pas le faire dans un avion. »

La crainte des Européens

Les 32 pays de l’Otan vont confirmer lors de ce sommet leur engagement à consacrer au moins 5 % de leur Produit intérieur brut (PIB) à leurs dépenses de sécurité d’ici 2035. Ce pourcentage a été réclamé par le président américain, faute de quoi il a menacé de ne plus défendre les « mauvais payeurs ».

En répondant à cette exigence, les pays européens de l’Otan espéraient en retour un engagement ferme des États-Unis, conformément à ce fameux article 5 du traité de l’Alliance.

La durée du sommet a également été resserrée au maximum pour éviter tout impair et ne pas contrarier Donald Trump, dont l’humeur est parfois versatile. Mardi matin, il a ainsi laissé éclater sa colère après la rupture du cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, qu’il avait lui-même annoncé. « Ils ne savent pas ce qu’ils foutent ! », a-t-il lancé avant de quitter Washington.

Le secrétaire général de l’Alliance, Mark Rutte, espère néanmoins que la situation au Moyen-Orient ne chamboulera pas complètement la chorégraphie du sommet qu’il a déjà qualifié d’« historique », après les menaces de désengagement américain du continent européen.

« Le président américain et les dirigeants des États-Unis sont totalement engagés en faveur de l’Otan », a-t-il assuré mardi. « Arrêtez de vous inquiéter ! », a-t-il lancé à l’adresse des Européens, les appelant à se concentrer sur ce « gros problème, cet énorme caillou dans la chaussure, à savoir que nous ne dépensons pas assez ».

« Bond en avant »

« L’Europe de la défense s’est enfin réveillée », a assuré de son côté la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, saluant « de nouveaux objectifs de dépenses historiques ».

Les membres de l’Otan se sont mis d’accord sur un compromis : un engagement à consacrer, d’ici 2035, 3,5 % aux dépenses militaires stricto sensu, et 1,5 % à des dépenses de sécurité au sens large, comme la cybersécurité ou la mobilité militaire, plus facilement atteignables.

Même limité à 3,5 %, l’effort budgétaire est considérable, plusieurs centaines de milliards d’euros, pour nombre de pays qui peinent déjà à atteindre l’objectif de 2 % de dépenses militaires, fixé en 2014 lors d’un précédent sommet.

Lundi, Mark Rutte s’est réjoui de ce « bond en avant », le Kremlin dénonçant le lendemain une « militarisation effrénée » de l’Alliance.