Le mal silencieux : ce symptôme banal qui précède le cancer du pancréas
Un petit pincement dans le dos. Un léger inconfort après les repas. Une fatigue plus pesante que d’habitude. Rien de spectaculaire… et pourtant. Ce sont précisément ces signaux anodins, présents chez 1 patient sur 4 jusqu’à six mois avant le diagnostic d’un cancer du pancréas, qui pourraient tout changer – à condition d’être pris au sérieux.
Car c’est là tout le drame de cette maladie fulgurante : elle ne crie pas, elle chuchote. Et pendant ce temps, elle progresse. La difficulté réside dans le fait que ces signes sont si banals qu’ils sont souvent ignorés, voire minimisés par les malades eux-mêmes… et parfois même par les soignants.
Un symptôme qui n’alerte pas : le mal de dos comme signe avant-coureur
Il ne s’agit pas d’un mal de dos brutal ou handicapant. Plutôt une douleur sourde, parfois persistante, souvent décrite comme diffuse, située juste sous les côtes ou entre les omoplates. Selon une étude publiée dans Annals of Oncology, 25 % des malades du pancréas présentaient cette douleur au moins six mois avant d’être diagnostiqués.
Des chercheurs britanniques, dans une étude relayée par The BMJ, soulignent que cette douleur est fréquemment attribuée à une mauvaise posture, du stress, voire à des troubles digestifs passagers. Résultat : elle est rarement prise au sérieux, à temps.
D’autant que dans 15 à 20 % des cas, elle est accompagnée de symptômes digestifs peu alarmants : une impression de satiété précoce, des ballonnements ou un appétit capricieux. Rien qui fasse penser à un cancer. Et pourtant…
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Mal identifié, ce petit mal de dos persistant peut précéder de plusieurs mois un diagnostic de cancer du pancréas. Un signal souvent ignoré, pourtant vital.
Ce qu’il faut repérer sans attendre
À défaut d’être spectaculaire, le symptôme est persistant. C’est lui, précisément, qui doit vous alerter. Voici ce qu’il faut surveiller si vous ressentez une gêne abdominale ou dorsale régulière :
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Une douleur sourde qui persiste depuis plusieurs semaines, surtout dans le dos ou sous les côtes
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Une perte de poids inexpliquée, même modérée
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Une fatigue chronique, sans lien avec le sommeil ou l’activité
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Un appétit en baisse, ou une digestion ralentie
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Un diabète d’apparition récente sans facteur de risque évident
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Des selles pâles, grasses ou flottantes
Une étude du National Cancer Institute (NCI) révèle que les patients diagnostiqués plus tôt – grâce à ces signaux faibles – ont trois fois plus de chances de bénéficier d’un traitement curatif, notamment la chirurgie du pancréas, encore envisageable à ce stade.
Ce que dit la science : le cancer du pancréas gagne du terrain
Le cancer du pancréas est aujourd’hui l’un des plus redoutés : il représente la 2ᵉ cause de décès par cancer digestif en France, avec plus de 15 000 nouveaux cas chaque année. Son taux de survie à 5 ans reste faible (environ 11 %), principalement parce que la majorité des cas est diagnostiquée trop tard.
Des travaux menés aux États-Unis par le Pancreatic Cancer Action Network montrent que la hausse des diagnostics chez les moins de 50 ans s’accélère (+15 % en 10 ans). En cause : le tabac, l’obésité, mais aussi une méconnaissance des signes avant-coureurs.
L’étude PLCO menée par le National Cancer Institute ajoute que le marqueur CA19‑9, utilisé dans le suivi, commence à s’élever jusqu’à 6 mois avant la détection clinique. Ce qui confirme que les signes précoces existent… à condition d’y prêter attention.
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Ni aiguë, ni spectaculaire, cette douleur discrète dans le dos est l’un des signes précoces les plus fréquents… mais aussi les plus sous-estimés.
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