Berlin va mettre fin à son soutien financier aux ONG de sauvetage civil en mer Méditerranée et ailleurs, ont indiqué mercredi 25 juin des sources au ministère des affaires étrangères, nouveau signe du durcissement de la politique migratoire allemande.

« Le gouvernement fédéral ne prévoit plus de subventions aux ONG engagées dans le sauvetage civil », ont indiqué ces sources. Cette décision du gouvernement entré en fonction début mai marque un changement de cap par rapport à la politique menée par la précédente coalition qui avait défendu ces aides.

Au premier trimestre de l’année en cours, 900 000 € ont encore été versés aux organisations concernées, après un total de 2 millions d’euros en 2024, a-t-il été précisé de source ministérielle.

Les ONG en ayant bénéficié sont notamment SOS Humanity, SOS Méditerranée, RESQSHIP, Sea-Eye et Sant’Egidio, qui s’engagent dans le sauvetage des migrants en Méditerranée, l’une des routes migratoires les plus mortelles au monde.

Réagissant à l’arrêt des aides aux ONG de sauvetage en mer, la cheffe de file des députés écologistes, Britta Haßelmann, a dénoncé une « décision dramatique », estimant qu’elle « ne fera qu’aggraver la crise humanitaire en Méditerranée ».

« Un signal catastrophique »

Le président de Sea-Eye, Gorden Isler, a également déploré un « signal catastrophique » faisant que les sauveteurs pourraient être « contraints à rester à quai malgré des urgences en mer ».

La précédente cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, du parti des Verts, avait justifié ces aides face à certaines critiques reprochant aux ONG de favoriser, même involontairement, l’activité des passeurs.

Avant de devenir chancelier, le chef du parti conservateur (CDU) Friedrich Merz répétait à l’envi que seule une politique très restrictive dans le domaine migratoire pouvait efficacement freiner l’essor du parti d’extrême droite AfD en Allemagne.

À son arrivée à la tête du gouvernement, au sein d’une coalition avec les sociaux-démocrates (SPD), il a annoncé plusieurs mesures pour limiter l’accueil de demandeurs d’asile en Allemagne dont le refoulement de la plupart d’entre eux aux frontières terrestres du pays.

Sur les 21 ONG participant à la flotte de sauvetage en Méditerranée centrale, 10 sont allemandes, avait indiqué mi-juin un collectif de ces organisations, selon lesquelles plus de 175 000 migrants ont été secourus lors des opérations menées au cours des dix dernières années.