Alors que le monde entier a été suspendu pendant douze jours à la guerre entre Israël et l’Iran, et que Vladimir Poutine en profitait pour pilonner l’Ukraine, Volodymyr Zelensky avait des raisons d’attendre impatiemment le rendez-vous global de La Haye. En quête d’un soutien renouvelé de la part des membres de l’Alliance transatlantique, mais surtout pour un tête-à-tête avec Donald Trump, qui lui avait posé un lapin au G7, le 17 juin.
Accueilli «parmi ses amis», selon les propos d’Ursula von der Leyen, le président ukrainien a même posé pour la première photo de famille, mardi, au début du sommet. Ce mercredi, il s’est entretenu pendant plus de quarante minutes avec son homologue américain, au cours d’une «rencontre longue et riche». «Nous avons abordé toutes les questions vraiment importantes. Je remercie le président, je remercie les Etats-Unis. Nous avons discuté de la manière de parvenir à un cessez-le-feu et à une paix véritable. Nous avons discuté des moyens de protéger nos populations. Nous apprécions l’attention et la volonté d’aider à rapprocher la paix. Les détails suivront», a écrit Zelensky sur ses réseaux sociaux.
De son côté, Donald Trump, interrogé sur l’entrevue et sur une éventuelle discussion sur un cessez-le-feu, a répondu : «Non, non. Je voulais juste savoir comment il allait. Il a été très gentil. Ce que j’ai retenu de cette rencontre, c’est que Zelensky veut que la guerre prenne fin. Je dois parler à Vladimir Poutine et voir si nous pouvons y mettre fin. C’est fou que la semaine dernière, près de 7 000 militaires ukrainiens et russes soient morts.» Durant cette même prise de parole, Trump a déclaré qu’il envisageait d’envoyer davantage de batteries de missiles Patriot en Ukraine, précisant que les systèmes antimissiles étaient «très difficiles à obtenir», mais que «nous allons voir si nous pouvons en mettre quelques-uns à disposition».
Ce qu’il faut retenir, au-delà de ces comptes rendus un peu divergents de la même conversation, c’est que Donald Trump semble content. Et c’est ce qui compte par-dessus tout, dans l’enchaînement des derniers mois, de l’esclandre dans le Bureau Ovale au mois de février, au refus obstiné du président américain de confronter sérieusement Vladimir Poutine et de le mettre sous pression.
Et puis, dans la déclaration commune, endossée par les 32 dirigeants, y compris Donald Trump aux caprices duquel est désormais suspendu le destin du monde, les alliés ont réaffirmé «leur engagement souverain et durable à soutenir l’Ukraine, dont la sécurité contribue à la nôtre», face à «la menace à long terme» que représente la Russie. En conclusion, Mark Rutte a répété que l’Ukraine pouvait compter sur une aide croissante de ses alliés pour l’année en cours. «On peut affirmer sans risque que l’aide militaire à l’Ukraine dépassera cette année les 50 milliards de dollars accordés l’année dernière», a déclaré le secrétaire général de l’Otan, durant la conférence de presse finale. Il avait déjà formulé cette promesse mardi, en accueillant le président ukrainien, lui donnant du «Volodymyr», et indiquant que l’un des objectifs des alliés était de rendre l’Ukraine si forte que «Vladimir Poutine n’essaiera plus jamais de s’emparer d’un seul kilomètre carré de l’Ukraine».
«Tout ce que nous faisons ici vise à permettre à l’Ukraine de continuer à se battre, afin qu’elle dispose de tout ce dont elle a besoin pour être aussi forte que possible. Mais il est évident que nous continuons également à œuvrer en faveur d’un accord de paix ou d’un cessez-le-feu durable», a encore dit Rutte, heureux, selon un correspondant de la BBC sur place, de pouvoir s’étendre sur l’Ukraine, plutôt que de répondre aux nombreuses questions sur Donald Trump.
Dans les couloirs du sommet, durant ces deux jours, les membres de la délégation ukrainienne n’ont pas caché qu’en l’absence d’une avancée majeure dans les relations avec l’Otan pour des raisons objectives, Kyiv se concentrera sur le concret. «L’Ukraine a besoin de systèmes de défense aérienne, l’Ukraine a besoin d’armes, l’Ukraine a besoin de sanctions supplémentaires contre la Russie, d’une pression supplémentaire. Ces sujets seront certainement les principaux lors des réunions du président [Zelensky] avec les dirigeants [des Etats membres de l’Otan]», avait dit mardi à la presse le chef du bureau présidentiel ukrainien, Andriy Yermak. Les Ukrainiens ne repartent pas les mains vides.