621 km de linéaire, 312 échangeurs, 25 tunnels de plus de 300 mètres, 1 117 ponts… le réseau des routes nationales en Ile-de-France comprend à la fois des routes nationales proprement dites, comme la plus ancienne, la RN1 dans le Val d’Oise, et des autoroutes, dont le plus récent tronçon est celui du contournement Est de Roissy inauguré fin 2023.

Le réseau mobilise plus de 900 agents et un budget annuel d’entretien et d’exploitation de près de 170 M€ (hors dépenses de personnel), auxquels il faut rajouter en moyenne 120 M€ en faveur de la modernisation de ce réseau, cadre la Cour des comptes.

Un patrimoine dont la Cour des comptes souligne la dégradation, notant qu’il s’agit de la Direction interdépartementale dont la proportion de routes en bon état est la plus faible, à savoir 29%, contre 64% pour la direction atlantique par exemple. Un mauvais état lié à l’intensité du trafic, “mais aussi à la difficulté de faire des travaux”, souligne la Cour.

Département Linéaire (km) Oise 6,7 Paris 1,2 Hauts-de-Seine 48 Seine-Saint-Denis 54,7 Val-de-Marne 68,3 Val-d’Oise 90,2 Essonne 98,4 Yvelines 145,9 Seine-et-Marne 107,4 Ile-de-France 620,9

Manque d’informations de suivi

L’état des ponts n’est, lui, pas moins bon qu’ailleurs, mais le rapport de la Cour des comptes note que 150 ponts n’étaient évalués, à la date de sa rédaction. La Cour reconnaît aussi la mise aux normes “Mont-Blanc” des tunnels. “La gestion du trafic et des tunnels constitue un des points forts de la Dirif“, reconnait le rapport par ailleurs.

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La Cour rappelle en revanche que lors de l’effondrement du mur de soutènement de l’A15, à l’extrémité du viaduc de Gennevilliers (qui n’avait pas fait de blessés), il avait été constaté que ce mur, datant de 1974, faisait partie, dès 2013, d’une liste d’ouvrages à surveiller, mais que cela “n’a donné lieu à aucun plan d’action”.

Autre constat : si la Dirif assure une bonne connaissance de la circulation en temps réel, pour informer les usages, elle manque de données sur son évolution et sa composition, notamment la part des poids-lourds. “Elle ne peut non plus s’appuyer sur un instrument de modélisation et de projection à jour pour les prévoir.”

Concernant l’exploitation elle-même, la Cour réclame aussi plus d’indicateurs de suivi.

“Le financement des opérations de modernisation, notamment au service de la transition écologique reste largement à définir”

Concernant le financement de l’entretien, la Cour relève que la Dirif bénéficie d’un peu plus de 10% du budget national d’entretien pour 9% des surfaces, mais que ses besoins en entretien lourd, donc pus coûteux, représentent une part plus importante du total (54,5% des surfaces traitées en 2022, contre 42,3% pour la France entière). Le prix des travaux y est aussi plus élevé. Or, en matière de financement, le ciel est plutôt nuageux alors que “des incertitudes pèsent” sur “le programme consacré à la transition écologique du réseau routier de l’État, doté de 200 M€ d’ici 2027″. La Cour note toutefois que “les collectivités locales pourront participer au financement des opérations concernées”, citant le conseil régional dans le cadre du Contrat de plan Etat Région. “Néanmoins, cette dernière génération de contrat de plan consacre une forte baisse de l’effort en faveur des routes, notamment en Île-de-France (522 M€, soit à peine 7% du total). Elle ne prévoit, principalement, que la finalisation des opérations déjà engagées au titre du CPER 2015-2022 (comme les travaux de desserte du port de Bonneuil par la RN 406, pour 67,5 M€), la poursuite de l’aménagement d’itinéraires structurants du réseau national notamment pour réaliser « le dernier maillon », ainsi que les aménagements du RRN permettant de désenclavement des territoires et de sécuriser des itinéraires (comme la mise à 2X3 voies de la RN 104 entre l’A4 et la RN 4, pour 167 M€)”, détaille la Cour. “Au total, le financement des opérations de modernisation, notamment au service de la transition écologique, qu’il s’agisse de la part de l’État ou de celle des collectivités locales, reste
largement à définir.”

Pollution

La Cour s’inquiète aussi de la pollution liée à la circulation, rappelant que “le transport routier représente plus de 50% des émissions de Nox (oxydes d’azote) et un peu moins de 20% des particules fines en Île-de-France.” Et de demander au préfet de préciser les mesures du plan de protection de l’atmosphère visant au contournement de la région par les poids lourds et à l’abaissement des vitesses maximales.

Tensions sociales et difficultés à recruter

Parmi les différents éléments analysés, la Cour pointe aussi des difficultés à recruter et des tensions sociales et même des problèmes de discipline qui ont pesé sur le fonctionnement.

Dans leur réponse, le secrétaire général et le directeur général du ministère de l’aménagement, dont dépend la Dirif, partagent “le constat du besoin financier nécessaire pour parvenir à remettre à niveau ce réseau routier” et rappelle que le sujet était à l’ordre du jour de la Conférence de financement des mobilités « Ambition France Transports » lancée le 5 mai dernier par le Premier ministre. Le ministère acte aussi la difficulté de recruter des agents “particulièrement en ce qui concerne les cadres, en raison notamment d’un marché de l’emploi très tendu dans ce secteur en Île-de-France, du fait des grands projets d’infrastructures en cours”.

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Et la réponse