Par

Mathias Souteyrat

Publié le

26 juin 2025 à 6h32

« Je ne vais pas me laisser faire. » Alexandre (*), 34 ans, est propriétaire depuis 2020 de deux appartements de la rue Antoine-Durafour, quartier Saint-Roch, près de Centre-Deux, à Saint-Etienne. Bruit, épiceries/fast-food ouverts toute la nuit, point de deal, coups de couteau, voire des tirs d’arme à feu… « Je ne comprends pas ce qui se passe dans la rue. Je me dis qu’il ne se passe rien car tout le monde sait, mais rien n’est fait. »

« C’est mal fréquenté, les filles se font parfois suivre en rentrant la nuit »

Le bailleur loue un de ses deux appartements… à des locataires qui ne restent que quelques mois à cause des nuisances. « C’est mal fréquenté. Les filles se font parfois suivre en rentrant la nuit. Ce n’est jamais agréable. »

Travailleur occasionnel sur Saint-Etienne, Alexandre utilisait son deuxième appartement, situé aussi dans cette rue, pour dormir, le temps d’une nuit, après une journée de travail.

Je n’y vais plus. Je n’ai plus envie. Le bruit des épiceries et des gens qui viennent se poser devant, ce n’est plus possible cette vie nocturne. On est réveillé toutes les 2/3 heures. C’est un bordel à ciel ouvert.

Alexandre
Habitant de la rue Antoine-Durafour

Les épiceries ouvertes la nuit et les bruits dans la rue deviennent invivables pour les riverains.
L’arrêté préfectoral portant sur l’interdiction de la vente d’alcool à partir de 22 heures n’a, selon le riverain, rien changé. (©Photos transmises à actu.fr)

L’arrêté préfectoral portant sur l’interdiction de la vente d’alcool à partir de 22 heures n’a, selon le riverain, rien changé. Tout comme les quelques opérations de démantèlement des points de deal.

« Un coup de com’ et d’éclats », pour lui, qui demande une fermeture définitive de ces commerces. « Même lors des fermetures administratives, on voyait la lumière derrière les rideaux baissés. »

Une vaste opération de contrôle le 16 mai

Le vendredi 16 mai au soir à Saint-Étienne, les agents de la police nationale ont mené une opération de contrôle dans le secteur de la rue Antoine-Durafour, en présence d’Alexandre Rochatte, préfet de la Loire, et d’Anne Gaches, procureure de la République, d’Adrien Sperry, directeur de cabinet, et d’Yves Cellier, directeur interdépartemental de la police nationale dans la Loire.

Ces opérations de sécurisation, engagées depuis le début de la semaine sur cette rue, s’inscrivent dans le cadre du Plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien. Deux des priorités du plan sont ici mises en œuvre :
– lutter contre le trafic de stupéfiants,
– prévenir les troubles à la tranquillité publique, notamment causés par les établissements ouverts la nuit.

Voir toutFermer les commerces après 22 heures : une solution ?

« Les patrouilles de la police sont régulières sur le secteur », assurent les services de la préfecture. L’État souhaite que les commerces ferment après 22 heures. Une disposition et compétence que peut prendre la mairie. La municipalité n’a pas encore répondu à notre demande sur cette question.

Pour la police ligérienne, il y a une « nette amélioration de la situation depuis quelques mois ».

« Tous les jours, on y est (des patrouilles de police) », nous signale Yves Cellier, patron de la police stéphanoise. « Le principal problème, ce sont les gens qui discutent devant les épiceries/fast-food, perturbant la tranquillité publique. Là, il faut trouver des solutions. »

Trois caméras de vidéo-protection dans la rue
Des vols à la roulotte dans la rue Antoine Durafour à Saint-Etienne
Des vols à la roulotte dans la rue Antoine-Durafour à Saint-Etienne. (©Photos transmises à actu.fr)

Alexandre a bien eu des échanges avec des membres de la mairie, sans grand changement non plus. En juin 2023, il a pris la plume pour demander des actions au directeur de la police stéphanoise.

Trois caméras de vidéo protection sont installées sur le linéaire de la rue Durafour, précise le directeur de la police.

Des vols à la roulotte dans la rue Antoine Durafour à Saint-Etienne
Des voitures cassées dans la rue Antoine-Durafour à Saint-Etienne. (©Photos transmises à actu.fr)

Récemment, Alexandre a créé un collectif sur les réseaux sociaux et publié une pétition pour documenter les incivilités et faire vraiment bouger les choses.

Une dizaine de riverains l’ont sollicité pour partager les images de leurs voitures cassées ou des bagarres dans la rue.

« Je veux que cette rue devienne vivable »

« C’est sale, avec des bières partout par terre, on ne peut plus sortir les poubelles. » (©Photos transmises à actu.fr)

Alexandre dénonce également la saleté « avec des bières partout par terre et les cartons des commerçants. Parfois, on ne peut plus sortir les poubelles. »

« J’étais au courant des problèmes quand j’ai acheté ici, tient-il à rappeler. Mais il est hors de question que je revende ces appartements. Je ne veux pas partir. J’y crois. Je veux que cette rue (re) devienne vivable. »

(*) Nom d’emprunt pour respecter son anonymat

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