Alors que le sommet de l’OTAN de La Haye s’est achevé mercredi sur l’engagement des pays membres à consacrer 5 % de leur PIB à la défense, un rapport de Bruegel et de l’Institut de Kiel avertit que l’Europe est loin d’être prête à se défendre, du moins pas d’ici 2030.

L’étude met tout particulièrement en garde contre la forte dépendance européenne à l’égard de la production et de la technologie étrangères.

« L’Europe doit déplacer son débat politique des chiffres fiscaux vers les capacités militaires réelles achetées et livrées dans les années à venir », conseille le rapport.

Augmentation considérable des importations d’armes

Actuellement, l’Europe importe une grande partie de ses capacités militaires. Les importations sont passées d’environ 3,4 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros) pour la période entre 2019 et 2021 à 8,5 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros) entre 2022 et 2024 dans les pays de l’UE.

Les États-Unis sont le principal partenaire commercial en matière d’équipements militaires tant pour l’UE que pour les principaux pays européens, à l’exception de la France.

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Par exemple, environ 70 % des achats non européens de la Pologne sont effectués auprès d’entreprises américaines, et les autres contrats sont principalement conclus avec des entreprises sud-coréennes.

Si des pays tels que l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Pologne produisent leurs propres équipements, leur délai de livraison moyen peut atteindre les quatre ans.

Des délais de développement de plusieurs décennies

L’Europe manque également de certaines technologies militaires de pointe, les délais de développement s’étendant souvent sur des décennies plutôt que sur quelques années.

« Une avance technologique réduite, voire inexistante, dans le domaine de la guerre devient une préoccupation croissante pour les armées occidentales et constitue un problème particulier pour l’Europe », indique le rapport.

Les nouvelles technologies du champ de bataille, telles que les drones et l’IA, peuvent constituer des capacités complémentaires pour une force de combat.

Dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les drones sont responsables de 60 à 70 % des dégâts causés aux équipements russes, selon le groupe de réflexion britannique sur la défense et la sécurité, le Royal United Services Institute.

Par exemple, l’objectif de production de drones à vue subjective (FPV) en Ukraine pour 2025 est d’environ 4,5 millions, tandis que celui de la Russie se situe entre 3 et 4 millions.

Volodymyr Zelensky déplore un manque d’investissement dans la défense

S’exprimant depuis La Haye à la veille d’un sommet des dirigeants de l’OTAN, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que le secteur de la défense de son pays est capable de produire beaucoup plus qu’il ne le fait actuellement, mais qu’il est limité par un manque de financement.

« Notre potentiel de production dans le domaine de la défense dépasse les 35 milliards de dollars (29 milliards d’euros) », a-t-il déclaré lors du Forum de l’industrie de la défense de l’OTAN.

L’Ukraine produit plus de 1 000 types d’armes, notamment des pièces d’artillerie, des véhicules blindés, des drones et des missiles.

« Mais environ 40 % de ce potentiel ne bénéficie pas d’un financement adéquat », affirme le président ukrainien. « C’est un problème. Par exemple, nous pouvons produire plus de 8 millions de drones de différents types chaque année, mais le financement permet d’en produire beaucoup moins ».

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À l’exception de l’Ukraine, les armées européennes semblent plus en retard sur ces développements que les États-Unis.

Bien que des start-ups européennes émergentes se concentrent sur la fabrication de drones, la technologie évolue rapidement, de sorte que les drones de plus de six mois voient déjà leur efficacité diminuer de manière significative.

Dans le même temps, la Russie et la Chine ont considérablement développé leurs capacités de production et leurs capacités technologiques.