Au troisième jour des défilés parisiens pour le printemps-été 2026 se fait sentir un frémissement sur les podiums masculins. En dépit de la crise ambiante portant les créateurs à se focaliser sur un vestiaire plutôt sobre, la couleur pointe son nez s’insinuant avec vigueur dans de nombreuses collections fort réjouissantes, par touches vives ou en mode plus frais et printanier. C’était le cas jeudi dans la plupart des défilés. En particulier chez Issey Miyake, Sean Suen, Bluemarble, Amiri.
Voir le défiléIM Men Issey Miyake, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight
Issey Miyake célèbre technicité textile et artisanat avec sa ligne IM Men. Pour dévoiler sa nouvelle collection intitulée « Dancing texture », la marque japonaise investit le très bel espace de la Fondation Cartier, dont le centre d’art contemporain va s’installer à une nouvelle adresse. Le lieu au volume imposant lui permet de suspendre au centre de la scène de longs pans de tissus au paysage abstrait autour duquel s’exhibent des danseurs en tenue de samouraï.
L’accent est mis sur les jeux chromatiques et de textures à travers toutes sortes de techniques inventives et innovantes. Pour le printemps-été 2026, le trio aux commandes du style, composé de Yuki Itakura, Sen Kawahara et Nobutaka Kobayashi, s’est inspiré du travail du céramiste japonais Shoji Kamoda.
Il reprend ainsi les motifs arrondis de l’artiste, comme des écailles animales, pour les déployer sur costumes, tuniques, vestes kimono et de grands trenchs drapés dans une palette joyeuse. Ailleurs, le trio joue sur le contraste d’un vermillon mat et d’ondulations blanches, repéré dans des jarres colorées, ou s’inspire des céramiques émaillées à base de cendres végétales. Les textiles prennent du relief, que ce soit dans les ensembles en denim gris délavé, dans des leggings et tricots en maille ondulée ou dans ces pantalons sarouel en satin vert.
Les combinaisons de couleurs sont, comme toujours, très attrayantes. La griffe n’a pas son pareil pour mélanger des teintes vives et pastel entre elles. A l’instar de cet imper vert gazon, enfilé sur une veste rouge vif et un pantalon en maille bleu électrique ou ce costume en coton mauve superposé à une chemise col Mao lime.
Voir le défiléSean Suen, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight
Le même jeu chromatique vient dynamiser par moment la garde-robe à la palette neutre de Sean Suen, via de séduisantes superpositions. Comme ces petits pulls rétrécis jaune d’or ou vert olive enserrant de longues chemises bleu ciel ou poudre, sur d’amples pantalons ou bermudas. Ou encore cet imperméable rose pâle porté sur un fin pull-over à large encolure bleu glace sur une chemise vert sauge.
Le créateur chinois imagine pour l’été prochain un après-midi entre songe et torpeur. Un étudiant s’affaisse doucement entre les livres sur sa table d’études dans une bibliothèque. En l’occurrence la bibliothèque de droit de Cujas, réquisitionnée pour le défilé. Son esprit divague, ses rêveries prenant forme à travers des silhouettes, où les styles, époques et matières fusionnent. Comme l’illustrent par exemple ces pagnes drapés, semblant sortis de l’Antiquité, enfilés sur des bermudas, relevés ou non.
Les classiques costumes en laine fraîche ou en cuir usé sont bousculés par des détails inattendus comme cette attache du pantalon, qui s’accroche à la veste, ou ces accessoires surréalistes, tels ces cols de chemise à longues pointes avec en guise de boutons des pièces de monnaies anciennes, qui viennent s’apposer aussi sur des débardeurs à hauteur des tétons, ces longues écharpes en forme de manches tombant jusqu’au sol ou encore ce nœud apposé dans le haut de mi-bas très Louis XIV.
Voir le défiléBluemarble, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight
Les couleurs explosent chez Bluemarble entre des chandails rouges, où s’affiche en jacquard un tigre rugissant, des pantalons jaune pétant, de maxi manteaux verts laissant entrevoir leur doublure camouflage. Ou encore des tuniques caftans couvertes de pins, parfois déclinées en orange.
Cette saison Anthony Alvarez remonte le temps, replongeant dans son enfance passée à Toulon au pied du Mont Faron, qu’il rejoignait en téléphérique. Ces images s’impriment comme autant de souvenirs sur différents jeans avec le ciel azur, les cimes enneigées et les câbles en acier, tandis que les mannequins traversent le podium plongé dans la brume foulant un tapis de feuilles et d’écorces.
Le vestiaire du jeune designer semble s’assagir, recentré sur les essentiels street de la marque entre denim lavé et déchiré, hoodies, chandails, vestes et blousons, toujours rehaussés bien sûr de broderies et détails scintillants, comme ces mosaïques de paillettes multicolores sur les t-shirts blancs, ces volutes et edelweiss en strass qui grimpent le long des pantalons ou traversent les chemises en gros bouquets, tandis que des petits clous métalliques décorent discrètement des chemises de bûcherons à carreaux. Toujours dans le même registre montagnard, des cordes d’escalade redessinent le bord des poches dans les pantalons.
Voir le défiléAmiri, printemps-été 2026 – ©Launchmetrics/spotlight
Changement de décor chez Amiri, qui s’invite dans un jardin à la française avec ses fontaines, ses graviers et ses treillis tapissés de roses. Un air printanier se fait sentir via une végétation luxuriante et une flopée d’oiseaux, qui traversent la collection. Les branches de cerisiers en fleurs se ramifient en broderies ou imprimés sur l’épaule d’une veste, dans le dos d’un blouson ou dans un cardigan rebrodé dans un fil étincelant. Un blouson Teddy tapisserie regorge de fleurs.
Les dandys de la maison américaine sont toujours aussi chics avec leur clé de palace à pampille dorée accrochée à la ceinture ou à la boutonnière et leurs lunettes de soleil Seventies. L’encolure du gilet s’abaisse et s’échancre largement. Les vestes s’allongent et se dotent de revers importants. Les pièces en cuir sont si souples qu’on les confond avec du satin luisant.
Les mannequins paradent avec une classe folle dans leurs costumes trois pièces en léger lainage, à fines rayures ou Princes de Galles, ou en velours, qui tombent à la perfection avec la juste fluidité, leurs vestons richement brodés à large revers en satin, leurs ensembles pyjamas associés à de somptueuses robes de chambre en soie, leurs polos scintillants. Entre la veste saharienne munie de sa poche à cigare et le modèle en dentelle, ils ne savent que choisir.
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