par Andreas Rinke et Michel Rose

Les dirigeants de l’Union
européenne ont discuté jeudi lors d’un sommet à Bruxelles de
nouvelles propositions transmises par les Etats-Unis en vue d’un
accord commercial, alors que le temps presse pour que le bloc
communautaire parvienne à un consensus avant l’expiration du
délai fixé par Donald Trump.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der
Leyen, n’a pas exclu un échec des négociations sur les droits de
douane, déclarant que « toutes les options (restaient) sur la
table ».

Désireux d’opérer une refonte de la politique commerciale de
Washington, le président américain a dévoilé en avril des taxes
dites « réciproques » visant des dizaines de partenaires
commerciaux des Etats-Unis, avant de geler ces droits de douane
pour permettre la tenue de négociations bilatérales. Ce sursis
doit prendre fin le 9 juillet.

Le sommet est destiné à permettre aux dirigeants européens
de décider de la voie à suivre avec les Etats-Unis: conclure
rapidement un accord commercial avec l’administration Trump, au
prix de conditions plus favorables à Washington, ou durcir le
bras de fer dans l’espoir d’obtenir davantage.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a exhorté l’Union
européenne à conclure un accord commercial « rapide et simple »
plutôt que « lent et compliqué ».

Le président français Emmanuel Macron a déclaré lors d’une
conférence de presse que, bien qu’il souhaitait parvenir à un
accord rapide et pragmatique, la France n’accepterait pas des
conditions qui ne seraient pas équilibrées.

Tous les outils doivent être utilisés pour garantir un
accord équitable et si le taux de référence américain de 10%
reste en place, la réponse de l’Europe devra avoir un impact
équivalent, a-t-il dit.

« Il y a une vraie volonté des Européens, et une bonne
volonté, de conclure. Mais cette bonne volonté ne doit pas être
vue comme une faiblesse », a déclaré Emmanuel Macron.

Les responsables français ont estimé que la Commission
européenne devrait adopter une position plus ferme, notamment en
ciblant les services américains.

Friedrich Merz a également déclaré que les dirigeants
européens étaient « fondamentalement unis » sur la conclusion de
l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur. Emmanuel Macron a
toutefois dit qu’il ne pouvait pas soutenir cet accord dans sa
forme actuelle.

Ursula von der Leyen a annoncé que l’UE avait reçu jeudi
« dernier document des Etats-Unis » relatif aux négociations sur
les droits de douane et que le bloc était toujours en train de
l’évaluer.

« Nous sommes prêts à conclure un accord. Dans le même temps,
nous nous préparons à l’éventualité qu’aucun accord satisfaisant
ne soit conclu », a-t-elle déclaré aux journalistes. « En bref,
toutes les options restent sur la table. »

Aucun détail sur le document n’a été divulgué dans
l’immédiat. Un diplomate de l’UE l’a décrit comme un « accord de
principe en deux pages », ajoutant que les Washington ne
souhaitait pas s’engager dans des secteurs industriels
spécifiques.

Donald Trump a menacé de relever à 50% le mois prochain les
droits de douane prélevés sur les produits européens importés
aux Etats-Unis si aucun accord n’était trouvé.
Washington semble vouloir maintenir ses droits de douane de 10%
sur la plupart des produits en provenance de l’UE, laquelle est
déjà confrontée à des droits de douane américains de 50% sur
l’acier et l’aluminium ainsi que de 25% sur l’automobile.

Les dirigeants européens ont également discuté de la
possibilité de mettre en place une nouvelle forme de coopération
commerciale avec les pays de la région Asie-Pacifique, afin de
réformer l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qu’ils
jugent inefficace.

Friedrich Merz a déclaré que l’idée n’en était qu’à ses
débuts, mais qu’elle pourrait inclure des mécanismes de
règlement des différends, comme l’OMC était censée le faire.

« Vous savez tous que l’OMC ne fonctionne plus », a-t-il
déclaré.

Par ailleurs, les dirigeants de l’UE doivent aborder
diverses questions, notamment celle du soutien à l’Ukraine dans
sa guerre face à la Russie.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a exhorté l’UE à
adopter de nouvelles sanctions contre la Russie et à donner des
signes clairs quant à l’adhésion de l’Ukraine au bloc.

(Avec Philip Blenkinsop, Jan Strupczewski, Bart H. Meijer,
Friederike Heine, Jan Lopatka, Milan Strahm, Yuliia Dysa, rédigé
par Philip Blenkinsop et Matthias Williams; version française
Camille Raynaud)