C’est dans un contexte de tensions exacerbées au Proche-Orient que le groupe communiste du Conseil de Paris dépose un vœu appelant à une multiplication des soutiens de la capitale envers la Palestine. Il sera soumis au vote des élus parisiens lors du Conseil de Paris, organisé du 1er au 4 juillet.

Le vœu propose trois mesures symboliques : l’attribution de la citoyenneté d’honneur aux civils palestiniens, le hissage du drapeau palestinien sur l’Hôtel de Ville et l’illumination de la tour Eiffel aux couleurs de la Palestine « afin d’exprimer la solidarité des Parisiens et des Parisiennes envers les victimes civiles palestiniennes ».

Des propositions qui, si elles étaient adoptées, marqueraient un tournant dans la position de la Ville de Paris sur le conflit israélo-palestinien. Et qui pourraient bien enflammer, une nouvelle fois, l’hémicycle parisien : depuis la tragédie du 7 octobre, chaque Conseil de Paris est ponctué de débats houleux autour de cette question sensible.

Porté par Raphaëlle Primet et Ian Brossat, le texte s’appuie sur une vague de manifestations propalestiniennes qui déferle sur l’Europe, de Paris à Berlin. Il fait notamment référence au récent jumelage de Marseille (Bouches-du-Rhône) avec une commune palestinienne, annoncé par le maire (PS) Benoît Payan, ou encore à l’extinction des lumières de plusieurs Hôtels de Ville en hommage aux victimes de Gaza, initiative suivie par Lyon (Rhône) et Bordeaux (Gironde).

Des villes d’Île-de-France très actives

De nombreuses villes françaises se sont déjà engagées : Rennes a demandé la reconnaissance de l’État palestinien, Strasbourg souhaite un jumelage avec le camp de réfugiés d’Aïda, tandis que Saint-Denis a hissé le drapeau palestinien sur sa mairie. Des communes plus modestes comme La Chapelle-sur-Erdre ou Trappes ont également entrepris des démarches similaires.

Les villes communistes d’Île-de-France sont d’ailleurs particulièrement actives : Gennevilliers a déjà hissé le drapeau palestinien, Bagneux organise des galas sportifs solidaires, Ivry-sur-Seine des concerts de soutien, tandis que Montreuil maintient depuis 2005 une coopération avec la commune de Beit Sira.

Cette initiative du groupe communiste intervient alors que la capitale a déjà été critiquée pour son manque de positionnement clair sur le conflit. Si la tour Eiffel s’était illuminée aux couleurs d’Israël après les attaques du 7 octobre 2023, puis du mot « paix » en avril dernier lors d’une conférence pour la paix au Proche-Orient, la Ville reste depuis silencieuse sur le sujet.

Une position que des élus ont d’ores et déjà dénoncée. « Paris ne peut rester mutique devant l’immense tragédie vécue par le peuple palestinien », avait notamment déclaré Stéphane Troussel, président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, après avoir demandé à la société d’exploitation de la tour Eiffel d’illuminer le monument aux couleurs palestiniennes, sans obtenir de réponse.

Si ce vœu était adopté par le Conseil, la question de la position de la préfecture de Paris se poserait également. Le 24 juin dernier, le préfet du Doubs a en effet demandé le retrait du drapeau palestinien hissé devant la mairie de Besançon, invoquant le « principe de neutralité » des bâtiments publics. Une jurisprudence qui pourrait faire obstacle aux ambitions des élus communistes parisiens.