« On aurait dû dégivrer avant votre arrivée », s’amuse la scientifique Gilda Grard. Sur le congélateur, un écran affiche -79 °C. La porte s’ouvre sur un amas de tubes gelés. Cet igloo de plusieurs centaines de kilos renferme une partie des 80 000 prélèvements de dengue, chikungunya, Zika ou encore virus du Nil occidental, stockés après avoir été analysés. « Certains d’entre eux datent d’il y a quinze voire vingt ans », s’amuse le médecin biologiste Guillaume Durand, masque FFP2 au bout du nez.
Bienvenue au Centre national de référence (CNR) des arbovirus, ces agents pathogènes transmis par des insectes « suceurs de sang » (moustiques, tiques, etc.), à Marseille. C’est dans cette unité gérée par l’Inserm que sont envoyés tous les prélèvements positifs de cas dits « autochtones », c’est-à-dire des personnes tombées malades sans avoir voyagé dans une zone où le virus circule beaucoup. Le mois de juin n’est même pas terminé que les autorités en ont déjà recensé 8 de chikungunya, du jamais-vu aussi tôt dans l’année.