L’Allemagne envisage de modifier sa loi sur le commerce extérieur afin d’empêcher la prise de contrôle de la société exploitant les gazoducs Nord Stream 2, selon un document consulté vendredi, dans le cadre des efforts de Berlin pour éviter toute reprise des importations de gaz russe.

Pendant des décennies, l’Allemagne s’est appuyée sur le gaz russe bon marché, mais depuis le début du conflit en Ukraine, le pays cherche des alternatives.

Le chancelier allemand Friedrich Merz a affirmé qu’il veillerait à ce que Nord Stream 2, autrefois soutenu par l’Allemagne, ne soit pas mis en service. Toutefois, l’Allemagne ne dispose actuellement d’aucun moyen juridique pour empêcher la vente des actifs, détenus par le géant russe Gazprom.

Le système de pipelines Nord Stream comprend deux doubles conduites traversant la mer Baltique vers l’Allemagne et constituait la principale voie d’acheminement du gaz russe vers l’Europe, avec une capacité de 110 milliards de mètres cubes par an.

La seconde liaison, Nord Stream 2, a été achevée en 2021. Elle n’a jamais été mise en service en raison de la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident, et a été touchée par des explosions inexpliquées en 2022, laissant l’une de ses deux lignes intacte.

Basée en Suisse, la société Nord Stream 2 est soumise à une procédure d’insolvabilité susceptible de conduire à la vente de ses actifs.

En novembre, le Wall Street Journal avait rapporté que l’investisseur américain Stephen P. Lynch tentait d’acquérir Nord Stream 2, une information démentie par le gouvernement russe.

Dans une réponse parlementaire datée du 24 juin, le ministère allemand de l’Économie a indiqué que le gouvernement discutait d’une possible modification de la loi sur le commerce extérieur au cours de cette législature, celle-ci ne prévoyant actuellement aucun contrôle des investissements en cas de prise de contrôle.

Le magazine Der Spiegel a été le premier à révéler cette information.

L’ancien secrétaire d’État au ministère de l’Économie et député écologiste Michael Kellner a estimé que le gouvernement devait combler cette lacune.

« Les pipelines en Allemagne ou en Europe ne doivent pas être entre les mains de sociétés russes ou américaines », a-t-il déclaré à Reuters.

Gazprom n’a pas répondu à une demande de commentaire.
(Rédigé par Riham Alkousaa et Andreas Rinke à Berlin ; compléments d’information par Vladimir Soldatkin ; édition par Ludwig Burger et Barbara Lewis)