Le tribunal de commerce de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a tranché : l’enseigne de décoration Casa a été placée en liquidation judiciaire ce vendredi 27 juin « sans maintien de l’activité », selon la décision dont Le Parisien a pu prendre connaissance. La société avait été placée en redressement judiciaire le 2 avril. Le 11 juin, le tribunal avait examiné les offres présentées par plusieurs repreneurs potentiels, mais à la sortie de l’audience, l’enseigne avait elle-même estimé, par voie de communiqué, que ces offres pourraient être jugées « irrecevables ».

Parmi les neuf offres de reprises déposées dans les délais impartis, trois seulement émanaient de sociétés exerçant des activités similaires ou proches de celle de Casa France. Elles ne portaient que sur une poignée de points de vente (six au mieux).

Les magasins baissent le rideau

Le tribunal a jugé que deux d’entre elles étaient irrecevables et que la troisième comportait « une offre particulièrement limitée en emplois » et proposait un prix faible. La procédure de redressement a donc été convertie en liquidation.

Les magasins devraient baisser le rideau dès ce vendredi soir. De toute façon, la plupart des boutiques sont déjà vides, les stocks sont partis au cours des dernières semaines, au gré de promotions massives. « Il ne reste plus rien, confirme une vendeuse de la région parisienne. On vient au travail pour ne rien faire, ce n’est pas terrible. Il faut maintenant accepter la réalité. » Terrible ironie du moment : les stocks de la filiale belge du groupe Casa — qui servait de centrale d’achats aux magasins de l’Hexagone et qui a été liquidée en mars — arrivent par camions entiers… dans les magasins du déstockeur Noz, où ils seront écoulés à -60 %.

Une embellie grâce aux prêts garantis par l’État

« Nos salaires seront payés fin juin, et ensuite, il va falloir qu’on se projette sur la suite », dit encore une employée, qui se prépare au chômage. Un peu moins de 700 salariés, dont 577 en contrat à durée indéterminée, travaillaient encore dans les 143 boutiques Casa françaises, auxquelles il faut ajouter deux magasins franchisés.

La chute de la société suit de près celle de sa sœur belge, Casa International, qui assurait des fonctions clés, telles que l’approvisionnement des magasins ou la gestion du système informatique au sein du groupe (fondé en 1975 en Belgique et qui compte 400 magasins dans 9 pays). « Cette liquidation est la conséquence directe de la défaillance de Casa International », martèle dans un communiqué l’enseigne française, évoquant un « choc exogène, totalement indépendant de la gestion de Casa France », s’ajoutant à « un marché déjà en crise pour le secteur de l’ameublement et de la décoration, fortement impacté par la conjoncture du secteur immobilier ».

Selon les éléments d’un rapport d’expertise réalisé au moment de l’entrée de la société en redressement judiciaire, l’activité de Casa en France s’était déjà dégradée avant la crise sanitaire. Durant la période du Covid, l’entreprise avait pu contracter trois emprunts, sous la forme de prêts garantis par l’État (PGE), et avait alors connu deux années d’embellie en 2020 et 2021- comme d’ailleurs l’ensemble des sociétés du secteur de la décoration et du bricolage. Le chiffre d’affaires a ensuite chuté rapidement à partir de 2022.