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« Je ne suis ni favori, ni outsider, mais… »

Physiquement, comment ça va à quelques heures du Championnat de France et à quelques jours du départ du Tour ?

Je me sens bien. Les semaines passées m’ont permis de retrouver de meilleures sensations, donc c’est positif. Les courses que j’ai disputées récemment se sont bien passées. Maintenant, ça fait longtemps que je n’ai pas fait un parcours aussi difficile que celui de dimanche. Ça va être l’occasion de me jauger sur ce type de terrain. Je ne suis ni favori, ni outsider, mais en tout cas, je compte aller le plus loin possible.

 

Est-ce que tu es allé reconnaître le parcours ? Tu as déjà pu rouler dessus ?

Non, je viens tout juste d’arriver à l’hôtel, il y a une demi-heure. J’ai fait le voyage aujourd’hui. Normalement, on ira voir le parcours demain, peut-être autour de midi. C’est ce qu’on fait en général, donc je vais le découvrir demain. J’ai quand même regardé un peu, notamment des vidéos de Philippe Gilbert sur le Tour de France 2011. Je vois la bosse finale, mais il faudra la rouler pour vraiment se rendre compte.

 

À première vue, tu te dis que ce n’est pas vraiment un circuit pour toi ou tu te dis « pourquoi pas » ?

Moi, je me dis « pourquoi pas aller loin dans la course ». Après, je ne suis pas favori, et je ne pense pas être outsider non plus. On a des coureurs dans l’équipe qui sont vraiment bien taillés pour ce genre de parcours. L’objectif, ce sera de tenir le plus longtemps possible dans les échelons. Il y a 4200 mètres de dénivelé, c’est presque une grosse étape de montagne. En plus, ils annoncent plus de 36 degrés, donc la chaleur jouera un rôle. En général, je supporte bien la chaleur, mais ça peut aussi me jouer des tours. Il faudra bien gérer, compter ses cartouches. Celui qui passe dans le rouge aura du mal à revenir. Ça va être une course d’endurance et de gestion. Et puis j’ai la famille qui sera là, donc je compte me faire plaisir.

 


« Il y a plus de 150 salariés concernés… »

À quelques jours du Championnat de France, votre équipe a appris le retrait des deux sponsors. Comment vous vivez ça ?

Forcément, c’est un coup dur. Pour nous les coureurs, mais aussi pour tout l’encadrement, il y a plus de 150 salariés concernés. On sait que le cyclisme repose sur une économie fragile. Je l’ai appris quelques heures avant vous. On ne s’attendait pas à ça. Maintenant, ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas de repreneurs. L’équipe garde espoir. Peut-être que c’est un gros coup d’alerte pour dire que la structure est là, prête, mais qu’elle a besoin de soutien. C’est sûr que c’est compliqué pour tout le monde.

 

Toi qui as toujours couru dans des équipes françaises, est-ce que c’est encore plus compliqué pour elles de survivre au niveau international ?

Oui, clairement. Vous le savez autant que moi, en France, en termes de salariat, ce n’est pas la même donne qu’à l’étranger. Avec toutes les charges et le modèle économique, pour un même budget, c’est plus restreint en France. C’est comme ça. Ça me fait penser un peu – sans faire de politique – à la baisse des budgets du ministère des Sports. Même s’il reste des fonds publics, c’est pareil dans le privé : le sport en France est toujours plus compliqué à financer.

 

Tu n’as pas encore gagné cette saison. Est-ce que ça te pèse ou pas du tout ?

Je ne vais pas dire que ça me pèse, mais ça m’embête, pour rester poli. Je ne vais pas me chercher d’excuses : le vélo, c’est sur le terrain que ça se joue. J’ai manqué de réussite, je n’ai pas été en forme quand il fallait. En ce moment, ça va mieux, mais les courses où j’aurais pu performer sont passées. Je garde confiance. La persévérance et l’abnégation, c’est mon fort. Même si certains pourraient dire « il devrait lâcher », moi je tiens bon. Je donne le maximum et je n’ai aucun regret sur mon investissement. Là-dessus, je suis bien dans mes pompes.

 

Comment est l’ambiance dans l’équipe après cette annonce ?

Je viens juste de retrouver l’équipe, il y a une demi-heure, donc je n’ai pas encore pu vraiment sentir l’ambiance. Mais depuis le début de saison, la motivation est là. Qu’il y ait une équipe ou pas derrière l’an prochain, on a tous des contrats courts et on est tous des compétiteurs. L’investissement est total. Il va falloir un peu de temps pour se remobiliser, mais on sait que le sport de haut niveau, c’est dur. Il faut s’adapter et continuer à se battre.

 


« La sélection n’a pas encore été dévoilée »

En tant que sprinter, que penses-tu du final du Tour de France cette année, avec l’arrivée à Montmartre au lieu des Champs-Élysées ?

C’est une difficulté de plus pour le dernier jour. On dit toujours que c’est un défilé, mais les Champs-Élysées, ça fait déjà mal. Là, avec Montmartre, ce sera encore plus dur. Il n’y a pratiquement aucune chance que ça arrive au sprint. Certains coureurs pourraient ne pas avoir d’ambition pour cette dernière étape et choisir de s’arrêter avant la montagne. Il y aura peut-être moins de motivation pour certains.

 

Dans l’équipe, qui a la meilleure carte à jouer dimanche ?

Je ne peux pas encore répondre, je viens d’arriver, et on n’a pas fait le briefing. On sait que Kevin est très en forme, mais ça ne veut pas dire que ce sera facile pour lui. Au contraire, il aura beaucoup de monde sur le dos. Il y a aussi Ewen, Clément Venturini… Et d’autres qui aiment les échappées. Avec la chaleur, peut-être que l’échappée ira au bout. Il faudra vraiment bien gérer ses efforts. Je pense que ce sera un championnat très ouvert, avec beaucoup de coureurs capables d’être là dans le final. Il risque aussi d’y avoir des défaillances. Ça promet une course intéressante à suivre.

 

Pour finir, est-ce que le Tour de France est déjà dans ta tête ?

Je ne peux pas dire que je l’ai en tête puisque la sélection n’a pas encore été dévoilée. Il faudra voir avec Manu Hubert dans les prochains jours. Je n’ai aucune assurance d’y être.