Malgré un taux de participation modeste avec 133 participants (109 en ateliers physiques et 24 en ligne), le médiateur Bernard Jacquand se félicite de la qualité des échanges et de la diversité des profils rencontrés. Son constat est sans appel : les habitants portent un attachement viscéral à leur commune et manifestent une réelle envie de s’impliquer dans son devenir. Cette mobilisation citoyenne constitue selon lui « un gisement d’implication qui ne demande qu’à être exploité », même si le maire Axel Dugua reconnaît que la participation n’a pas atteint le niveau espéré.

L’appel du vivre-ensemble et de l’identité partagée

Les discussions ont mis en lumière un besoin crucial de créer du lien social. Les participants déplorent un certain cloisonnement entre quartiers et catégories sociales, exprimant une volonté forte de reconnecter ces différentes composantes urbaines.

Cette aspiration se cristallise autour de l’idée d’un événement fédérateur qui « signerait » l’identité saint-chamonaise. Un rendez-vous qui s’appuierait sur les racines locales sans sombrer dans la nostalgie, capable de rassembler tous les groupes sociaux autour d’un projet commun.

Des attentes concrètes pour le quotidien

Les souhaits exprimés dessinent une ville plus verte et plus humaine : espaces naturels préservés, lieux emblématiques reconvertis, parcours urbains adaptés aux seniors, développement des circuits courts et productions locales. Les participants plaident également pour des alternatives à l’automobile et un renforcement du commerce de proximité, tant au centre-ville que dans les quartiers.

Une vision architecturale ambitieuse

En parallèle, le cabinet Enia a élaboré une prospective jusqu’en 2050 s’appuyant sur un diagnostic approfondi du territoire. Cette démarche débouche sur une « boîte à outils de 36 actions cohérentes » pour guider l’évolution urbaine.

Brice Piechaczyk, architecte associé, souligne la richesse inattendue de cette commune de 54 km² – plus vaste que Lyon et équivalente à la moitié de Paris – loin de l’image convenue de la ville post-industrielle.

Valoriser la diversité des pôles urbains

L’étude propose de capitaliser sur la « pluricentralité aux identités très marquées » en travaillant sur la connexion entre les 12 ou 13 pôles identifiés (incluant Stelytec). L’objectif : créer une « unité plurielle » évitant l’écueil des « petites chapelles » territoriales.

Cette philosophie se traduit par une requalification des places centrales en véritables agoras fédératrices, accessibles à tous les publics et favorisant les rencontres intergénérationnelles.

Mobilité repensée et paysages sublimés

Côté déplacements, la vision privilégie les modes doux avec la création de zones de rencontre limitées à 20 km/h. La gare évoluerait vers un pôle multimodal accompagné de parkings relais stratégiques.

L’immense territoire communal offre des perspectives remarquables pour « rapprocher » la ville de ses grands paysages. Des parcours valoriseraient le patrimoine historique, le street-art et les panoramas, ponctués d’œuvres d’art cadrant certains points de vue et de belvédères aménagés.

Renaissance des cours d’eau

Les rivières deviendraient de véritables territoires de vie. Le Gier à Saint-Julien pourrait être remis à ciel ouvert, tandis que les berges accueilleraient jeux, équipements sportifs, marchés éphémères et guinguettes.

Un « chemin des coteaux » encerclerait la ville en reliant les sentiers de randonnée existants aux espaces de transport multimodal.

Économie locale et savoir-faire artisanal

Le volet économique mise sur un « front artisanal » au centre-ville, proposant des locaux temporaires ou permanents aux artistes, artisans et agriculteurs. Une halle de l’économie locale centraliserait cette dynamique.

Le développement des cultures vivrières, particulièrement du maraîchage, accompagnerait cette relocalisation économique. Les zones d’activités comme Stelytec seraient densifiées et humanisées avec des espaces de convivialité.

Une approche globale et pragmatique

Cette vision se veut non hiérarchisée pour éviter toute politisation. Comme le précise Brice Piechaczyk, « tout est entremêlé, c’est à prendre dans son ensemble » avec une perspective de long terme.

Le maire tempère néanmoins ces ambitions par les réalités budgétaires : certaines actions comme les belvédères s’avèrent facilement réalisables, tandis que d’autres projets comme la découverture du Gier nécessiteraient des investissements considérables.