Quand il y a un incendie, le salut vient souvent du ciel. Ces dernières années, avec le réchauffement climatique et les risques accrus de feux de forêt, l’utilisation des bombardiers d’eau et autres moyens aériens s’est imposée comme une nécessité. 

Attaquer les feux naissants le plus rapidement possible

En la matière, la France a une doctrine d’intervention particulière : les aéronefs de la sécurité civile doivent attaquer les feux naissants le plus rapidement possible pour les éteindre, avant qu’ils ne deviennent hors de contrôle. L’efficacité de cette doctrine fait aujourd’hui l’unanimité auprès de l’ensemble des acteurs de la sécurité civile. Elle permettrait de maîtriser près de 89,5 % des départs de feu.

« Cette stratégie, qui implique de disposer d’une capacité de projection sur l’ensemble des territoires à risque, impliquera forcément à l’avenir, dans un contexte d’extension du risque incendie à l’ensemble du pays, un redimensionnement de la flotte » souligne un rapport du Sénat de 2023, réalisé par Jean-Pierre Vogel.

SDIS 60 – Le réchauffement climatique en France oblige les pompiers à avoir des moyens de lutte contres les feux de forêt renforcés. La flotte des bombardiers d’eau vieillissante en France

Mais la flotte de bombardiers d’eau est de plus en plus sollicitée en raison notamment de l’extension et de l’intensification du risque incendie. « Les conséquences du changement climatique impliquent aujourd’hui un risque accru de départ de feux, et par conséquent, une sollicitation croissante de la flotte » rappelle ce même rapport.

Cette situation est susceptible d’engendrer des surcoûts importants, liés mécaniquement à une augmentation des heures de vols et du nombre de largages réalisés, ainsi qu’à la multiplication des opérations de maintenance. « En 2022, les dépenses supplémentaires induites par la saison feux de forêts ont par exemple entraîné un surcoût estimé à 33 millions d’euros » souligne le rapport.

Quelle est la flotte de bombardiers d’eau en France ?

C’est dans ce contexte que la flotte de bombardiers d’eau de la France vieillit. La flotte d’aéronefs de la sécurité civile destinée à la lutte contre les feux de forêt est actuellement composée de 12 avions Canadair CL415, 8 avions Dash, et 3 avions Beechcraft King 200. Mais cette flotte est vieillissante. Certains avions ont 61 ans d’existence. C’est le cas des Canadair Canadien, ces pélicans jaune et rouge, dont le premier exemplaire a été livré à la France en 1967.

Récemment, les sept Trackers S-2FT ont été retirés du service. Cette flotte est complétée par des hélicoptères, les Dragon. Certains départements louent également des hélicoptères bombardier d’eau à des entreprises privées.

L’utilisation des drones contre les feux de forêt

Les drones complètent ces dispositifs aériens, notamment dans la détection des incendies et surtout l’organisation des secours. Ils permettent de guider les pompiers au sol. Dans les Calanques, les marins-pompiers de Marseille testent un ballon dirigeable pour traquer les incendies.

L’Armée de l’air en renfort des pompiers ?

En mai, l’Armée française a réalisé un test avec un A400M. Cet avion de transport militaire a été équipé d’un kit amovible de largage d’eau. En un passage, l’A400M a pu larguer 20 000 litres d’eau.

« Le système utilisé repose sur un kit “Roll-on/Roll-off”, facilement installé dans la soute de l’avion sans nécessiter de modifications permanentes » précise le site feuxdeforet.fr. « Face à l’augmentation dramatique des incendies en France, notamment dans le sud, en Corse et désormais dans des zones autrefois épargnées, cette nouvelle capacité arrive à point nommé. Elle pourrait combler les lacunes des moyens civils, parfois débordés lors de crises multiples » avance ce site. 

Un projet de bombardier d’eau made-in France à Istres

Le gouvernement a annoncé vendredi qu’il participera financièrement au projet de bombardier d’eau amphibie d’une société française, dans l’optique d’assurer la « souveraineté » de la France, notamment en matière de lutte contre les feux de forêt.

Hynaero – Le futur hydravion français s’appellera le Fregate F100.

C’est dans ce contexte de nécessité de bénéficier de moyens renforcer pour lutter contre les feux de forêt que le projet de nouvel hydravion dit « Fregate-F100 » va voir le jour. Il est porté par la société Hynaero et va s’implanter à Istres dans le sud de la France. Il doit voir le jour en 2029, « avec la perspective d’une mise en service opérationnelle en France et à l’international en 2031 », ont assuré dans un communiqué commun le ministre François-Noël Buffet, le président de la région PACA Renaud Muselier et Bruno Bonnell, secrétaire général pour l’investissement en charge de France 2030, un dispositif qui permet à la région de doubler l’investissement de l’Etat.

« A l’heure où le risque de feux de forêt s’amplifie et concerne l’ensemble du territoire national, un tel projet d’avion bombardier d’eau constitue à la fois une opportunité industrielle, reposant sur le savoir-faire français en matière aéronautique, et une avancée stratégique majeure, pour la souveraineté de la France et de l’Europe en matière de moyens aériens de sécurité civile », s’est félicité François-Noël Buffet, cité dans le communiqué.

Le bombardier d’eau Fregate-F100 doit être doté « d’une capacité opérationnelle doublée par rapport aux bombardiers actuels ».

L’Etat a promis d’injecter 7 millions d’euros dans ce projet, avait assuré jeudi la région Paca, saluant dans un communiqué une décision qui « marque une avancée majeure pour la modernisation de la flotte française de lutte contre les incendies ».

La société française doit développer un bombardier d’eau « pensé pour répondre aux enjeux du dérèglement climatique et à l’intensification des incendies de forêt », avait encore écrit la région qui accueillera le site de production.