En écho à des inquiétudes grandissantes pour les droits des personnes LGBT+ à Washington ou Budapest, les milliers de participants de la Marche des fiertés parisienne ont fait entendre leur voix samedi contre « l’internationale réactionnaire ».

Si les chars bariolés, les maquillages inventifs et les tenues colorées rappellent le caractère convivial de ce défilé annuel, parti du Louvre vers Nation par une température caniculaire, les organisateurs avaient moins le cœur à la fête lors de leur prise de parole initiale.

Un demi-million de participants

« Nous sommes dans un contexte menaçant, politiquement terrible. Pour la première fois depuis des années nos droits sont réellement en danger », a affirmé au micro la présidente de SOS Homophobie, Julia Torlet, micro à la main.
« Il est nécessaire de nous rassembler, tous, lesbiennes, queers, intersexe, trans, gay… », a-t-elle ajouté.

« Le danger est là. Une internationale réactionnaire arrive sous nos yeux, aux États-Unis, en Hongrie, en Italie, en Russie », a lancé un représentant de l’association Aides, avant que ne démarre le cortège coloré de drapeaux arc-en-ciel, de ballons dorés et de pancartes revendicatives comme: « Mon clito déteste les fachos ».

L’Inter-LGT, collectif organisateur qui comprend une cinquantaine d’associations membres, a revendiqué en soirée un demi-million de participants, parmi lesquels de nombreux jeunes. « C’est une réussite totale », a déclaré Clara Privé, sa vice-présidente, attribuant ce succès à la « médiatisation » de la marche et au fait que « la jeunesse est touchée par ce sujet et se revendique LGBTQIA+ ».

Un collectif identitaire à l’écart du cortège

Au-delà des thématiques de cette année (migrants, personnes transgenres, santé), la marche parisienne a été rattrapée par des tensions liées au contexte international – déclarations de Donald Trump aux États-Unis, interdiction de la « Pride » à Budapest.

Tensions liées aussi à une affiche jugée « clivante » par certains ou la venue non souhaitée par les organisateurs d’un collectif identitaire, Eros, se présentant comme un organe de lutte « contre les dérives idéologiques woke et LGBT ».

« Le contexte est difficile, car il y a une remontée de la transphobie au niveau international. On tente d’interdire, la marche à Budapest, un collectif d’extrême droite tente de manifester avec nous à Paris », déplore ainsi « Vivi » Strobel, porte-parole de l’association Bi’Cause.

Une quinzaine de membres de ce collectif Eros se sont rassemblés à l’écart du cortège. Plusieurs dizaines de forces de l’ordre étaient positionnées pour empêcher tout contact direct avec la marche, au-delà d’invectives.

« Notre présence n’est pas la bienvenue, mais c’est une marche de la fierté. Nous, on est fiers d’être homosexuels et fiers d’être Français », a indiqué à la presse le responsable de ce groupe, Yohan Pawer, ex-candidat du parti d’Eric Zemmour.

« Nous sommes très heureux qu’ils aient été empêchés d’approcher de nos cortèges », a commenté Clara Privé.