(Actualisé avec source omanaise sur l’objectif des discussions
§4)
par Parisa Hafezi
L’Iran et les Etats-Unis ont
entamé samedi à Oman des discussions indirectes visant à
relancer les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran,
alors que le président américain a menacé de recourir à la force
militaire en l’absence d’accord.
Téhéran envisage les négociations avec prudence et se montre
sceptique quant aux chances de parvenir à un accord, alors que
Donald Trump a menacé à plusieurs reprises de bombarder l’Iran
s’il ne mettait pas fin à son programme nucléaire.
Donald Trump exigeait au départ que les négociations soient
directes alors que l’Iran a insisté pour qu’elles demeurent
indirectes.
Selon une source omanaise, les discussions visent à faire
baisser la tension dans la région , à obtenir la libération de
prisonniers et à parvenir à des « accords limités » sur un
allègement des sanctions contre l’Iran en échange d’un
« contrôle » de son programme nucléaire.
Les délégations sont menées côté iranien par le chef de la
diplomatie, Abbas Araqchi, qui était le négociateur en chef de
Téhéran à l’époque de l’accord sur le nucléaire conclu avec les
grandes puissances en 2015, et côté américain par l’émissaire
spécial pour le Proche-Orient de Donald Trump, l’homme
d’affaires Steve Witkoff.
La télévision d’État iranienne a publié sur son site
internet une vidéo de la rencontre entre Abbas Araqchi et le
ministre omanais des Affaires étrangères, Badr al Boussaïdi, à
Mascate.
« Dans le cadre des discussions indirectes entre l’Iran
et les États-Unis, M. Araqchi a transmis à son homologue omanais
les points clés et les positions de Téhéran à transmettre à la
partie américaine », ont rapporté les médias officiels iraniens.
Des signes d’avancée dans les discussions pourraient
faire baisser un peu la tension dans la région après deux années
de guerres entre Israël et les alliés régionaux de l’Iran, du
Hamas palestinien au Hezbollah libanais, en passant par les
Houthis au Yémen.
Un échec accentuerait à l’inverse les craintes d’un
conflit de plus grande ampleur, Israël comme les États-Unis
ayant juré d’empêcher par tous les moyens l’Iran de se doter de
l’arme atomique, ambition que Téhéran assure ne pas avoir.
« SUR UN PIED D’ÉGALITÉ »
« Il est possible de parvenir à un accord initial sur la
poursuite des négociations si l’autre partie (les États-Unis)
accepte de participer aux pourparlers sur un pied d’égalité », a
déclaré Abbas Araqchi à la télévision iranienne.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, qui
est le décisionnaire ultime en matière de nucléaire, a donné à
son chef de la diplomatie les « pleins pouvoirs » pour mener les
pourparlers, a déclaré un responsable iranien à Reuters.
« La durée des discussions, qui ne porteront que sur la
question nucléaire, dépendra du sérieux et de la bonne volonté
de la partie américaine », a précisé ce responsable sous le sceau
de l’anonymat.
L’Iran a exclu de mettre dans la balance ses capacités
de défense, en particulier son programme de missiles
balistiques.
Des pourparlers indirects avaient déjà été organisés entre
Washington et Téhéran durant le mandat de l’ancien président
américain Joe Biden, sans déboucher sur de quelconques avancées.
Les dernières discussions directes officiellement connues
entre les deux gouvernements ont eu lieu lorsque le locataire de
la Maison blanche était Barack Obama, qui a chapeauté les
négociations ayant abouti à l’accord de 2015 sur le programme
nucléaire iranien.
Ce pacte a été révoqué par Donald Trump en 2018 lors de son
premier mandat présidentiel, avec le rétablissement des
sanctions économiques américaines contre l’Iran. Téhéran s’est
ensuite affranchi de l’accord, dépassant largement depuis lors
les limites fixées en matière d’enrichissement de l’uranium,
tout en niant vouloir se doter de l’arme atomique.
(Rédigé par Parisa Hafezi à Dubaï ; version française Camille
Raynaud et Tangi Salaün)