Peut-on dire d’une exposition qu’elle est vraiment chou ? On va se le permettre avec la délicieuse «Dans ma cuisine», une proposition originale d’Eric Rémy, commissaire, et de Françoise Morin, directrice de la galerie Les Douches. Les deux complices ont mitonné un accrochage aux petits oignons autour de la cuisine, un sujet en apparence prosaïque mais, au fond, si riche pour les photographes. Il ne s’agit pas d’une expo de photo culinaire, mais plutôt d’un petit voyage visuel autour des objets et des aliments de cette pièce maîtresse de la maison qui, avant les années 1960, était un peu cachée. Avec la cuisine, un nouvel horizon s’ouvre, qui devient une malle aux trésors, une caverne d’Ali Baba pour les photographes.
Après un gros plan de cuillère – elle est si énorme qu’elle pourrait être celle d’un géant – (Patrick Tosani), l’exposition s’ouvre avec la célèbre fourchette d’André Kertész (1928). Posée sur une assiette creuse, regardée depuis le flanc, elle est comme en apesanteur, avec ses ombres portées qui dessinent de belles lignes graphiques. Prise par Kertész dans l’atelier de Fernand Léger, cette photographie d’abord moquée pour son sujet ordinaire est devenue une icône du modernisme.
Et c’est cela dont parle l’exposition : la richesse incroyable des expérimentations photographiques de l’entre-deux-guerres. Grâce à des appareils plus maniables (Leica), grâce à la technique du photogramme, les photographes s’amusent avec ce qu’ils ont à portée de main. Titillés par l’env