«Aucune action n’a été prise au sujet de la note de la France», a annoncé Moody’s après la publication dans la soirée d’un document annonçant l’achèvement de la révision périodique de notation pour la France. Techniquement, l’agence de notation n’a donc pas mis à jour la note de la France, ce qui par extension équivaut de fait à un maintien au niveau actuel, à «Aa3», (l’équivalent d’un 17 /20).

«Le gouvernement reste fragile et ne dispose pas d’une majorité claire au Parlement. De ce fait, l’incertitude concernant l’orientation politique à moyen terme du gouvernement, en particulier la manière dont il entend réduire le déficit budgétaire toujours élevé de la France en 2026 et au-delà, reste élevée», écrit l’agence de notation dans un document publié vendredi soir.

Moody’s avait abaissé en décembre de «Aa2» à «Aa3» la note française (l’équivalent d’un «AA-» de Fitch et S & P). «Les finances publiques du pays vont être substantiellement affaiblies dans les années à venir» en raison de la «fragmentation politique» qui risque «d’entraver la consolidation fiscale», avait alors écrit l’agence. Elle avait également cité le vote de la censure à l’encontre de l’ancien Premier ministre Michel Barnier, considérant qu’il y avait une «très faible probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine».

Avec retard, la France a fini par se doter en février d’un budget pour 2025 prévoyant de ramener le déficit public de 5,8 % du produit intérieur brut à la fin 2024 à 5,4 % cette année et le gouvernement tient à montrer qu’il tient l’exécution budgétaire de cette année en cours. Cette semaine, les ministres de Bercy ont ainsi indiqué que quelque 9 milliards d’euros avaient été mis en réserve, dont 5 milliards gelés, tandis que la menace d’une censure du gouvernement s’est momentanément éloignée.

Le risque d’une dégradation de la conjoncture économique s’est cependant accru avec la tempête commerciale déclenchée par le gouvernement américain le 2 avril. Il reste élevé malgré la «pause» annoncée pour 90 jours sur les surtaxes douanières par Donald Trump, qui maintient malgré tout un taux universel plancher de 10 % de droits de douane. Sauf pour la Chine, pour l’instant accablée par une surtaxe de 145 %.

Invoquant des «incertitudes», le ministre de l’Economie et des finances, Eric Lombard a abaissé à 0,7 % la prévision gouvernementale de croissance pour 2025, au même niveau que celle de la Banque de France, contre 0,9 % auparavant inscrit dans la loi de finances pour cette année et après une progression du PIB de 1,1 % en 2024.

Le gouvernement détaillera sa trajectoire budgétaire le 15 avril, lors d’une conférence sur les finances publiques autour du Premier ministre, François Bayrou. L’exécutif a réaffirmé sa volonté de réduire le déficit public pour revenir sous le plafond européen de 3 % en 2029, une ambition qui maintient toutefois la France parmi les cancres de la zone euro.