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Rédaction Rennes
Publié le
29 juin 2025 à 18h48
La Cour d’appel de Rennes a infligé en deuxième instance 12 ans de prison, vendredi 20 juin 2025, à un ancien chef d’entreprise qui s’était adonné à un trafic international de cocaïne et d’héroïne entre Rennes (Ille-et-Vilaine), Amiens (Somme) et Paris entre septembre 2021 et mai 2022. Il n’était pas seul face aux juges. Un autre comparse était également jugé dans une affaire hors norme au vu des quantités importantes de drogues importées, estimées par les autorités.
Des voyages « suspects »
Une « information anonyme » avait en fait été délivrée à la direction territoriale de la police judiciaire le 16 juin 2021 : cette source avait indiqué qu’un « trafic de stupéfiants » opéré par deux hommes.
L’un des deux, un habitant de Vezin-le-Coquet, âgé de 41 ans, en était le « fournisseur présumé », était-il précisé. Un téléphone de la famille de cet ancien dirigeant d’un garage à Erbrée avait en fait effectué un « voyage suspect » dans le nord de la France entre le 21 et le 23 mai 2021.
Quelques mois plus tard, en août 2021, la voiture du quadragénaire et de sa femme s’était rendue à Paris pour s’arrêter seulement « 2h15 » à la porte de Clignancourt et « charger un objet ».
Ses occupants avaient discuté avec un homme « connu des services pour des faits d’importation de stupéfiants », puis s’étaient arrêtés « 48 minutes » dans le centre de Paris et enfin « 11 minutes » à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), avant de rentrer sur Rennes « dans la nuit ».
Sous écoute
Le domicile de cet habitant à Vezin-le-Coquet avait donc été sonorisé à compter du 26 août 2021 : de « très nombreux échanges téléphoniques » en lien avec « une activité de trafic de stupéfiants » avaient alors été révélés.
Il y était question de « convoyage » sur le territoire français et « d’importation du produit » provenant du Maroc via l’Espagne – par le biais de containers, camions ou bateaux avec « l’aide de fonctionnaires complices » – ou des Pays-Bas.
Un « complice » travaillant pour une société de « manutention portuaire » de Loon-Plage (Nord), près de Dunkerque, avait, lui aussi, été évoqué lors des « sonorisations ».
Une information judiciaire avait donc été ouverte à la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes le 15 octobre 2021.
Une tonne de résine découverte
L’un de ses proches, qui tient lui aussi un garage automobile à Rennes, avait à son tour été identifié par l’enquête. Les deux avaient notamment échangé avec d’autres à propos de l’arrivée de « 12 kg de cocaïne » en provenance de Bogota (Colombie). Les deux hommes s’étaient aussi renseignés pour importer de la cocaïne depuis la République dominicaine.
Puis, en décembre 2021, les sonorisations avaient cette fois-ci révélé que le premier mis en cause était « dégouté » d’avoir perdu, « au bled », une quantité industrielle de cannabis : plus d’une tonne de résine avait en effet été découverte par la Gendarmerie Royale de Tanger (Maroc) le 14 décembre 2021. Courant 2022, plusieurs séjours à Dunkerque (Nord), à l’arrivée de porte-containers, avaient aussi été mis en évidence par l’enquête.
Les deux hommes avaient ainsi été interpellés le 7 mars 2023 aux côtés d’autres protagonistes apparus dans des sonorisations. Trois autres n’avaient pas pu être « localisés » et un mandat de recherche avait même été curieusement « retiré » en septembre 2024.
Une nouvelle audience le 9 mai 2025
Les deux hommes avaient donc été condamnés par la JIRS de Rennes : l’habitant de Vezin-le-Coquet avait lui écopé de dix ans de prison et son comparse à « cinq ans ». Les deux avaient eu interdiction de paraitre à Dunkerque « pendant dix ans » et s’étaient vu infliger une amende douanière de 18,7 millions d’euros. Ils avaient fait appel de cette décision et l’affaire avait été de nouveau évoquée à une audience ultérieure, le 9 mai 2025.
Dans ce dossier, il n’y a eu « aucun stupéfiant saisi, pas d’argent », avait rappelé Me Gwendoline Tenier, l’avocate du premier suspect. Les douanes avaient procédé à une « estimation » de « 584 kg de cocaïne » importée, mais sans toutefois la saisir.
De manière générale, l’avocate rennaise déplorait le fait, qu’en dépit des « connexions » établies avec d’autres protagonistes identifiés lors de l’affaire, aucun autre n’avait été renvoyé devant la JIRS, alors que, de son point de vue, son client de 41 ans n’avait été qu‘un « facilitateur » et non un « importateur ».
Un pourvoi en cassation
Mais finalement, la cour d’appel de Rennes a jugé qu’il y avait lieu d’aggraver les peines prononcées à l’encontre des deux hommes : le premier a donc écopé de 12 ans de prison et le second de six ans.
Ils devront bien s’acquitter de l’amende douanière qui a été prononcée. Ce mardi 24 juin 2025, Me Gwendoline Tenier annonçait avoir formé un pourvoi en cassation contre cette décision.
CB (PressPepper)
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